mardi 25 janvier 2011

2010/2011 l’année de tous les remakes

                L’année 2010 nous a apporté son lot de remakes américains. Le derniers en date, The Tourist, avec en guest Angelina Joli et Johnny Depp, reprend à l’identique le film français Anthony Zimmer. Alors que, dans Pour Elle, Vincent Lindon tentait de sortir sa femme de prison, Les trois prochains jours de Paul Haggis en a fait de même avec Russel Crowe.

Anthony Zimmer (2005)                           The Tourist (2010)


Sans faire du favoritisme français, l’esprit de ces deux films a disparu des remakes américains. Les quelques ajouts sont futiles. On se retrouve au milieu de superproductions américaines sans saveur, pleines de testostérone. Ou l’on sait par avance l’issu du film. Exit le héros simple et fragile, désemparé face à la situation dans laquelle il se trouve. On ne parlera même pas de la triste reprise du Diner de con avec The diner, qui a viré au tragi-comique.

Le cinéma américain arrive, bien évidement, en tête des reprises de films, que se soit des films étrangers ou anciens, comme ce fut le cas cette année avec l’inutil Karaté Kid de Will Smith ou perce pourtant son fils Jaden. Au milieu de ce paysage, Brothers (2009) a réussi à faire son trou. L’ambiance du conflit afghan du film originel danois (du même titre, sorti en 2004) est bien transposée au conflit irakien, avec un magnifique trio d’acteurs: Nathalie Portman, Tobey Maguire et Jake Gyllenhaal.

Brothers (2004)                   Brothers (2009)

          Hollywood en panne d’originalité ? On peut se le demander, le terme remake étant une de leur création. Surtout quand on sait que 2011 n’y coupera pas, avec les adaptations américaine et italienne de Bienvenue chez les ch’ti et américaine de LOL. Si il est notable que de nombreux remakes connurent des succès certains (Le talentueux monsieur Ripley, Ghost dog, Scarface, Reservoir dog ou Vanilla sky pour ne citer qu’eux …), l’essentiels rencontrèrent des succès moindres que les films originaux dans leurs pays.

Sans nécessairement refuser que l’on fasse le remake d’un film, l’intérêt étant d’observer une histoire de points de vue idéologique, historique et politique différents, voir même parfois en couleurs ou bénéficiant des nouvelles technologies. Ils n’y sont, pour l’essentiel, pas arrivés. Il ne vous reste alors plus qu’à faire votre choix.

Préférés : 
Rec. (2007) plutôt que Quarantine (2008)
Garde à Vue (1981)  plutôt que Suspicion (2000)    
Nikita (1990) plutôt que Nom de code : Nina(1993)
Trois Hommes et un couffin (1985) plutôt que Trois hommes et un bébé(1987)
Le Père Noël est une ordure (1982) plutôt que Mixed Nuts (1994)
La cage aux folles (1978) plutôt que The Birdcage (1995)
L’ultimo Bacio (2001) plutôt que Last Kiss (2006)
Les Infiltrés (The Departed 2006) plutôt qu’Infernal Affairs (2002)

Les deux :
Vanilla Sky d’après Abre los ojos
True Lies (1994) d’après La Totale !(1990)
Ghost Dog, la voie du Samouraï (1999) d’après Le Samouraï (1967)



Trois Hommes et                      Trois Hommes et
un Couffin
(1985)                        un Bébé (1987)


Le Père Noël est une ordure (1982)               Mixed Nuts (1994)
   





Vincent L.




dimanche 23 janvier 2011

Cinéma de Papa : L’inoubliable aventure des Tontons Flingueurs

              On ne pouvait pas passer à côté de ce classique du cinéma français, sorti en 1963. Si vous  ne l’avez toujours pas vu procurez vous immédiatement le film ! Les Tontons Flingueurs sont issus d’une trilogie d’Albert Simonin, Grisbi or not Grisbi, troisième volet consacré au truand Max le menteur (il y eu précédemment Touchez pas au Grisbi et Le cave se rebiffe).

                Dans ce dernier opus, Max devenu Fernand Naudin s’est rangé des affaires louches, dans la région de Montauban. Mais tout va recommencer, lorsque son ami de toujours, Louis le Mexicain, l’appel à son chevet parisien. Mourant, il lui confit la gestion des ses affaires douteuses mais surtout l’éducation de sa fille Patricia, qui ne devra en rien savoir la mort de son père. Aidé de Maître Folace, ils vont devoir faire face à l’envie de succession des frères Volfoni, de Théo et son ami Tomate.

                Si à l’origine le livre traitait cette histoire de façon dramatique, c’est sous la houlette de Georges Lautner, et de l’immense dialoguiste Michel Audiard, que le film va prendre une tournure humoristique. Et que dire du casting : Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Jean Lefebreve, Claude Rich, Robert Dalban, des interprètes charismatiques et à la hauteur des dialogues.


           Qui ne s’est jamais retrouvé attablé dans une cuisine autour d’un verre, se risquant sur le bizarre. C’est cette fameuse scène de la cuisine, entrée à jamais dans la  postérité, ou les gangsters se remémorant leurs gloires passées, autour d’un alcool, bien de chez eux : « On a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles, ça faisait des histoires»

Ce film ne fut pourtant pas un réel succès à sa sortie, il est aujourd’hui considéré par beaucoup, par moi, comme un film culte. Gabin s’en mordit d’ailleurs les doigts d’avoir refusé le rôle de Fernand Naudin (joué finalement par Lino Ventura). L’ambiance du film est extraordinaire, avec «ses caves», «sa schnouf»,  «le grisbi» et ses scènes d’échanges de coup de feu aux bruits inoubliables.

                Si le travail des acteurs est à louer, la franche camaraderie régnant sur le plateau permit d’obtenir à l’image des personnages truculents. L’ensemble de l’équipe du film tourna d'ailleurs, l’année d’après, les Barbouzes.
Le film est aujourd’hui culte grâce aux phrases mythiques, d’une richesse et d’un humour dont seul Michel Audiard en avait le secret. Il est impossible d'oublier des phrases aussi finement placées et immortelles :

«Les cons ça osent tout c’est même à sa qu’on les reconnaît»,

«Mais moi les dingues, j'les soigne, j'm'en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j'vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins d'Paris qu'on va l'retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle... Moi quand m'en fait trop j'correctionne plus, j'dynamite... j'disperse... et j'ventile...»

C’est d’ailleurs par ses mots que le film se résume le mieux «Parents un peu timorés, hommes d’affaires un peu mous, vous tous qui hésitez à brandir une matraque ou à sortir un 7.65 quand les circonstances l’exigent, Les Tontons Flingueurs est un film instructif qui vous apprendra à régler vos comptes. Vous qui rêvez d’une liquidation rapide de votre entourage immédiat, attendez d’avoir vu Les Tontons Flingueurs ! Ne tuez pas sans savoir… Les Tontons Flingueurs : une volonté de fer dans une diplomatie de velours !»



Vincent L.


Bande-annonce:



La scène de la cuisine:






À voir également :

Les Barbouses (1964)                    Ne Nous fâchons pas (1966)              Mélodie en sous-sol (1963)

Un Taxi pour Tobrouk (1960)     Cent mille dollars au soleil (1964)         Touchez pas au grisbi (1954)

Le Cave se rebiffe (1961)




jeudi 20 janvier 2011

Harry, un ami qui vous veut du bien !


Je sais que je ne devrais pas reparler de choses aussi consternantes que celle qui me vient à l’esprit au moment même où j’écris ces quelques lignes. D’une part parce que cela constitue une perte de temps, de mon temps en particulier. D’autre part, parce que consacrer du temps à un tel « film » serait lui faire trop d’honneur (et mon égo ne le supporte que modérément). Mais surtout, parce que cela va constituer, encore une fois, une publicité supplémentaire à un « film » qui n’en a plus besoin et qui, fondamentalement, ne le mérite pas.

Je ne peux pourtant pas passer outre les remarques et les différents avis qui m’ont été donnés de lire ces dernier temps. Leurs dithyrambes m’offusquent et suscitent chez moi de profondes interrogations quant à la cinéphilie des téléspectateurs qui peuplent notre univers. J’en conclus que cet amour du cinéma n’a donc plus aucun sens à mes yeux. Je ne prétends pas tout connaître du cinéma, loin de là, mais tout de même ! Faisons preuve de discernement !

J’ai suffisamment vu de « navets » et, aussi mauvais qu’ils fussent, je m’en réjouis car cela m’a, en particulier, permis d’apprécier les films de qualités et de les distinguer des autres qui polluent notre septième art. Par souci intellectuel, je préfère être juge et maître de mes opinions. Alors, si navet il y a, je me dois d’aller le voir, ne serait-ce que pour me forger mon propre avis qui sera, tout au mieux, fondé sur une expérience vécue et non sur des chimères et des conseils infondés .

Mais je vous en prie, amis lecteurs, lorsque j’entends dire que le dernier Harry Potter est un « navet » (et Dieu sait que rares ont été les personnes à me le dire !), permettez-moi de vous répliquer que vous faites trop d’honneur à un « film » qui n’en est pas un. Mais, surtout, que vous faites trop d’offense à un légume qui me procure plus de saveur.

Jamais, je n’avais eu aussi honte d’aller au cinéma ! Jamais, je ne m’étais autant indigné devant ma bêtise ! Comment ai-je pu aller voir ce film ? Telle était la seule interrogation qui envahissait mon esprit à la sortie de la séance. Je fais partie de ces six millions de personnes qui ont perdu leur temps et leur argent. Encore, si cela avait pu être fait d’un coup de baguette magique, je ne m’en serais probablement pas plaint et me serait simplement étonné de l’allégement soudain de mon porte-monnaie. Mais non ! Il a fallu, en plus, que je zigonne impatiemment près de deux heures et demie, le regard errant entre mon voisin, s’empiffrant de pop corn, et un écran géant.

Les effets spéciaux qui, dans ce genre de blockbuster, allègent un peu notre souffrance, n’ont eu que pour effet d’amplifier mon affliction migraineuse. Je ne m’étendrai pas sur le sujet d’Harry et ses acolytes qui sont passés au rang de star, sans même passer par la case départ, celle d’acteur.

Non, le plus frappant est que ce film est décousu, interminable et pâtît cruellement d’un manque de dialogues construits. La mise en scène y est médiocre et les protagonistes n’échappent à leur tourment que grâce à des coups de baguette magique qui désenchantent totalement le seul intérêt qu’avait la saga, sa féérie. Prévisible, le scénario plonge le spectateur dans une histoire alambiquée qui n’offre aucun suspense. Il se colle au livre me direz-vous. Oui, certainement ! Mais pour cet opus qui se veut fantastique, David Yates en oublie la composante principale de ce registre cinématographique, la surprise, l’étonnement.

Les caractères des personnages y sont trop peu développés alors que l’univers du film est pourtant bien différent des précédents, bien plus sombre. Harry y a grandi physiquement mais pas mentalement, c’est évident !

Autre point clé, la musique. Alors qu’elle constituait selon moi l’un des atouts majeurs de la saga (John Williams, l’un des plus grands compositeurs de musique de films, y étant pour beaucoup dans les premiers volets), perd de son intensité et accompagne très mal les scènes qu’elle ne transcende plus mais appauvrit. Il ne suffit pas simplement de mettre de la musique dans un film pour lui donner vie. Encore faut-il qu’elle en appréhende l’atmosphère.

Paradoxe majeur, ma plus grande consternation et réjouissance résident dans le titre du film à lui seul. En effet, le seul point positif de ce « film » repose probablement dans son titre, Harry et les reliques de la mort, partie 1. Ce film est effectivement une relique à laisser au placard et c’est face à la mort que le spectateur est confronté pendant deux heures et demie durant. Pourtant ma consternation est totale car, comme vous l’aurez constaté, ce film n’est qu’une première partie.

Et je suis près à parier que je verrai la deuxième, par ce satané souci de curiosité qui m’habite. Je prendrai néanmoins mes précautions et ferai indéniablement fi de la loi Hadopi. Pour ceux qui condamneraient le streaming et les téléchargements, vous comprendrez comme moi, qu’ils ont, au moins, un intérêt, qui est de ne pas perdre son argent bêtement. Tant pis pour le temps !

Diego C.


L'illustration du Spleen Baudelairien par Somewhere


Après le haut en couleurs mais ô combien décevant Marie-Antoinette, Sofia Coppolla nous revient avec Somewhere. Si beaucoup ont parlé du film de la maturité rien n’est moins sûr. Avec une réalisatrice, qui a eu le mérite de confesser avoir aimé le premier Twilight, tout est maintenant permis. Si le premier plan du film suggère bien que le film ne vas pas sortir de sa léthargie, à l’inverse de Lost in Translation, la répétions des plans fixes, rappelant l’ennui du personnage, joué par Stephen Dorff, provoquent une certaine lassitude.

Pour le synopsis : Johnny Marco est l’acteur stéréotypé d’Hollywood, buveur et dragueur invétéré allant de paire avec sa notoriété, vivant au Château Marmont à Los Angeles. Mais tout cela va changer lorsque sa fille, Cleo s’installe avec lui pour quelques temps. Le forçant à envisager sa vie d’une manière différente.

Somewhere a surtout le mérite de faire sortir de l’anonymat Elle Fanning (la sœur de Dakota Fanning vu dans Sam I’m Sam, La guerre des mondes et The Runaways). Un vent de fraîcheur s’abat enfin sur le film lorsqu’elle apparaît.

Sofia Coppolla, sans réellement l’avouer, en a presque fait un film autobiographique, lorsque l’on sait qu’elle et son père, Francis Ford, ont été des résidents réguliers du Château Marmont. L’évocation des difficiles relations parents-enfants,  mijotées au milieu du système Hollywoodien, est donc traitée de  façon réaliste. L’évidente absence de dialogue est parfois rendue intelligemment, mais parfois inutilement. Reste la musique, envoûtante comme d’habitude.  À voir avec modération.


Vincent L.

lundi 17 janvier 2011

Le schizophrènique Black Swan

Darren Aronofsky (Requiem for a Dream, The Wrestler) a repris un projet vieux d’une dizaine d’années pour sortir Black Swan. Mise en scène, costumes, photographie et bande son devraient très certainement obtenir les Oscars techniques. Que dire de Nathalie Portman, qui a très certainement trouvé le rôle de sa vie, lui permettant surement d’obtenir la consécration ultime (elle a déjà obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce rôle). A la fois troublante et envoûtante, elle magnifie le rôle de Nina, danseuse étoile, jusqu’à le transcender. Ce personnage lui avait été promis par le réalisateur voilà dix ans, lorsqu’elle pratiquait encore la danse classique.

La persévérante Nina, ballerine au New York City Ballet, est pressentie pour remplacer Beth (Winona Rider), future danseuse à la retraite, dans Le Lac des Cygnes, dirigé par le sulfureux Thomas Leroy (Vincent Cassel).  Mais la mise en scène impose à la ballerine de devoir jouer un cygne blanc et un cygne noir. La tendre et innocente Nina, ne semble pas en mesure de s’assombrir pour interpréter les deux parts du cygne. Elle se retrouve sous pression, avec l’arrivée d’une nouvelle danseuse Lily (Mila Kunis), qui semble parfaite pour ce rôle.

Dans ce thriller psychologique, il paraissait difficile de faire un rendu du monde de la danse classique. Darren Aronofsky y est pourtant parvenu. La perfection, la jalousie, les contradictions, les frustrations sexuelles et professionnelles se mêlent sans vous laisser le temps de respirer. Entretenu par une mise en image caméra à l’épaule.

 On y retrouve le malaise ambiant déjà présent dans Requiem for a Dream, dont Aronofsky en a fait sa marque de fabrique. Il est entretenu par un obscur Vincent Cassel, une Mila Kunis perverse et une intense Barbara Hershey (la mère de Nina). Certainement l’un des films de l’année.

Vincent L.


Suspicions de triches sur les Goldens Globes

                   La cérémonie, qualifiée d’antichambre des Oscars, a notamment consacré hier soir The social Network et Nathalie Portman pour son rôle de danseuse étoile dans Black Swan, qui apparaît, dès lors, grande favorite pour l’Oscar.

Sans revenir sur le palmarès de cette cérémonie (détaillé ci-dessous), les Golden Globes ont à nouveau fait parler d’eux pour les nominations 2011. De nombreux journalistes se sont offusqués de la présence du film Burlesque (Comédie musicale avec Christina Aguilera et Cher), descendu par les critiques et boudé du publique. Et finalement récompensé par le Golden Globe de la  meilleure chanson. Sa nomination ferait suite à un voyage de luxe organisé par le distributeur du film, pour les votants.

                Ce n’est pas la première fois que de tels soupçons émanent de cette cérémonie. En 1999 il fut reproché à Sharon Stone d’avoir envoyé une montre en or à chaque votant à quelques jours des nominations, lui permettant d’être sélectionnée pour le film The Muse. Que dire de la consécration comme meilleur espoir de Pia Zadora en 1981( pour Butterfly), alors que le film n’était pas encore sorti au moment de la cérémonie et dont le mari, multimillionnaire, avait invité l’Hollywood Foreign Press Association dans son casino de Las Vegas.

                C’est ce que révèle l’enquête de The Independantdans laquelle Michael Russell (chargé des relations publiques à l’Association Hollywoodienne de la presse étrangère, organisme qui sélectionne et remet les golden globes) a déclaré qu’au cours des dix-sept années passées dans cet organisme, il aurait eu à supprimer des preuves et certains membres du jury auraient été gracieusement récompensés pour leurs votes. Ce que dément l'Association. Certains médias indiscrets se sont alors vus refuser leur accréditation pour la cérémonie. Car elle reste un enjeu commercial conséquent,  la publicité générée par une nomination voire une récompense pouvant encore rapporter des millions aux films sortis l’année passée. Surtout lorsque l’on sait qu’il est plus facile de corrompre les 81 membres de l’Association plutôt que les 5755 votants de l’Académie des Oscars…

Meilleur Film - Drame : The Social Network

Meilleure Performance par une actrice dans un Film - Drame: Nathalie Portman - Black Swan

Meilleure Performance par un acteur dans un Film - Drame: Colin Firth - The King's Speech

Meilleur Film - Musical ou Comédie: The Kids are All Right

Meilleur Film - Animation: Toy Story 3

Meilleure Performance par une actrice dans un Film - Musical ou Comédie: Annette Bening - The Kids are All Right

Meilleure Performance par un acteur dans un Film - Musical ou Comédie: Paul Giamatti - Barney's Version

Meilleur Film de langue étrangère: In a better World (Danemark)

Meilleure Performance par une actrice dans un rôle de soutien dans un Film: Melissa Lero - The Fighter

Meilleure Performance par un acteur dans un rôle de soutien dans un Film: Christian Bale - The Fighter

Meilleur Réalisateur: David Fincher - The Social Network




Vincent L.

Mes Hommages Monsieur McQueen


« Ma palette n’est pas très large, il y a beaucoup de choses que je ne peux pas jouer ».

Vous aviez sans doute raison monsieur McQueen. Celle-ci a pourtant suffit à vous porter dans la plus haute sphère de mon estime personnelle et à devenir l’un des mythes les plus fougueux et turbulents d’un univers hollywoodien que vous honnissiez par ailleurs. Vous n’avez eu besoin pour cela que de deux choses, deux qualités dont votre palette a regorgé et qu’elle n’a cessées de répéter au fil de vos rôles. Deux vertus cruciales qui vous rangeront à jamais dans le panthéon des acteurs les plus prolifiques, les plus talentueux et subjuguant du cinéma : l’authenticité et la passion. Car rares sont les acteurs qui consacrent à leur métier un tel dévouement frénétique.

Parce que vous étiez passionné, vous ne vous êtes pas contenté de jouer des personnages, vous les avez vécus. Parce que vous étiez exalté, vous ne vouliez pas vous complaire dans un cinéma superficiel, chiadé et illusoire, vous avez décidé de donner vie à vos personnages, de les rendre authentiques.

Parce que votre seule formation à ce métier n’a été que la délinquance, vous vous distinguiez de vos compères par votre envie, votre désir insatiable de vous transcender et votre « jusqu’au boutisme ». Vous n’aviez peur de rien. Vous avez influé à vos personnages une vitalité jusqu’alors inégalée. J’ai lu, il y a peu, que la marque de vodka Absolut vous avez décerné le titre de « mâle absolu », je ne peux que les rejoindre mais je vous aurai davantage décerné le titre d’ « authentique». Car jamais Monsieur McQueen, je ne vous ai vu tricher.

Vous n’étiez pas seulement un homme de talent, vous étiez surtout un homme de cran. Vous aviez un besoin invariable de prouver et faire valoir ce dont vous étiez capable et vous m’avez subjugué. Vous aimiez le risque et le danger et votre vie n’en a été que plus palpitante. C’était votre façon de vivre, elle est devenue votre façon de jouer. Vous avez joué le rôle du Capitaine américain Virgil Hilts, dans la Grande Evasion (1963) et avez réalisé l’une des cascades les plus spectaculaires et les plus célèbres de l’histoire du film d’action, au guidon de votre Triumph 650. Evasion que vous aviez vous-même suggéré au réalisateur. De là, vous vous êtes évadé vers les plus hautes sphères du cinéma pour ne jamais en redescendre.

Puis vous avez joué la première course poursuite du cinéma contemporain dans Bullit (1962) dans le rôle du détective Franck Bullit. Là encore, il n’était pas question que quelqu’un le fasse à votre place. Vous l’avez donc fait seul. Vous y avez consacré trois semaines de tournage, pendant lesquelles vous avez parcouru les rues de San Francisco à plus de deux cent km/h. Vous auriez dû y trouver la mort lorsque, pendant une prise, les freins de votre Ford Mustang ont lâché, mais vous avez fait preuve d’audace et y avait survécu. Beaucoup s’en seraient arrêtés là. Vous avez continué en tournant vous-même une autre scène mythique de ce film culte, toujours dans votre Ford Mustang, sur les pistes de l’aéroport de San Francisco. Vous rouliez à 180 km/h sous un avion prêt à décoller. Vous justifiiez vos prises de risques par souci d’authenticité et de réalisme. Le film est un chef d’œuvre auprès des cinéphiles mais ne fut pas du goût de tous, surtout de vos assurances et de la Warner qui résilièrent vos contrats. Qu’importe, vous étiez déjà l’un des plus grands.

Vous poursuiviez donc cette voie avec Le Mans (1970), dans lequel vous interprétiez le rôle de Michael Delanay, coureur automobiliste, sorti d’un grave accident et qui retournait, tambour battant, sur les pistes de sa passion. Vous ne frôliez que deux fois la mort lors du tournage. Ce film devait faire de vous un culte du cinéma, il n’en fut rien. La faute aux assurances qui ne vous laissèrent pas courir les 24 heures du Mans. Vous le fîtes tout de même de votre côté, en solitaire. Cela évitait tout « bâtons dans les roues » comme vous vous amusiez à le dire.

Et votre soif insatiable du danger continua de prendre le meilleur sur votre souci pour la vie. Vous avez continué dans Junior Booner (1972), ce rodéoman mélancolique parcourant les Etats-Unis dans une quête désespérée pour l’humanisme. Vous n’étiez plus en voiture mais sur un taureau et le rodéo n’eût alors plus aucun mystère pour vous. Votre palette n’en fut que plus complète. Vous n’étiez plus seulement l’un des acteurs le mieux payé au monde, vous en étiez l’incarnation la plus réussie et la plus aboutie.

Mais il vous manquez quelque chose Monsieur McQueen, quelque chose qui ferait de vous, non seulement l’acteur le plus emblématique de l’univers cinématographique, mais surtout, son incarnation la plus réussie. Et vous l’avez fait, Papillon (1973). Vous ne pouviez plus vous contenter « seulement » de prendre des risques inconsidérés. Il vous fallait aller encore plus loin, là où personne n’avait osé. Il vous fallait une histoire vraie et pour cela vous avez endossé le rôle d’Henri Charrière alias Papillon, innocent condamné au bagne de Cayenne, le plus inhumain et le plus brutal pénitencier que la France n’eût jamais inventé. Vous avez perdu 35 kilos pour ressembler à l’homme qui avait vécu ces supplices et auquel vous vouliez rendre un brillant hommage. Vous vous êtes fait vomir, vous avez cessé de vous nourrir. Le réalisateur a même arrêté le tournage de peur vous y périssiez. Vous étiez suivi quotidiennement par trois médecins. On ne voulait plus vous faire tourner. Mais vous avez insisté et êtes même allé plus loin encore, repoussant les limites que votre corps vous astreignait. Vous vous êtes empêché de dormir plus de trois heures par jour, vous vous êtes enfermés dans le noir, tous les jours, des heures durant, jusqu’à en devenir fou et à être aveuglé par la lumière du jour.

Vous ne jouiez plus le rôle d’un forçat, vous en étiez devenu un à part entière. Vous n’étiez plus un acteur, vous étiez « l’acteur ». Vous ne vous contentiez plus de porter le cinéma au rang de septième art, vous le sublimiez. Et, depuis que je vous ai vu à l’écran, j’aime le cinéma.


Diego C.



mardi 11 janvier 2011

Rire du terrorisme avec We are four Lions

Il ya des films qui montrent que l’on peut rire de tout. We are four Lions de Chris Morris, sorti en salle en décembre dernier, en est une parfaite illustration. Seul problème, et de taille, pas sûr que tout le monde en rira, tant ce film est peu médiatisé (seulement 23 000 entrées au Box Office français) et partiellement distribué dans nos salles. Préjudiciable, surtout quand il s’agit d’un film de cette qualité. Chris Morris fait étalage de son talent dans une comédie parodique à la fois absurde et fine. Déjà connu Outre-Manche pour ses satires équivoques et pour le moins controversées telles que The Day Today ou encore Brass Eye, Chris Morris s’attaque une nouvelle fois à un sujet sensible, le terrorisme.

La tâche s’annonçait délicate et polémique. Il est vrai que traiter du terrorisme tel que le réalisateur s’efforce à le faire, dans un pays (l’Angleterre) où le dernier attentat avait entrainé la mort de 56 victimes, apparaissait fastidieux et, pour le moins risqué. Mais c’était sans compter sur le talent de son réalisateur et d’un quatuor de jeunes acteurs anglais dynamiques et hilarants.

L’idée du scénario est simple. Quatre tocards britanniques d’origine pakistanaise décident de commettre l’attentat de l’année. Il ne leur manque qu’une chose pour y parvenir, la compétence. Pas facile d’être un terroriste de valeur de nos jours. Ces quatre là ne nous contrediront pas.

Dépourvu de toute idéologie sous-jacente, Morris s’efforce, avec dextérité et humour, de dépeindre le terrorisme dans sa vision la plus absurde. Jouant sur la candeur, l’ineptie et la maladresse de ses personnages, il parvient à plonger le téléspectateur dans la quête du mal. A mesure que le film avance et que la peine des protagonistes paraît insurmontable, tant leur médiocrité les éloigne de tout succès, le spectateur se surprend à ressentir une peine, parfois gênante, pour ces nigauds.

Certains regretteront toutefois que Morris ne se fût davantage engouffré dans ce qui aurait pu (voire dû) être une satire politiquement incorrect et subversive comme par le passé. Il ne se contentera que de nous faire rire au travers d'un sujet tendancieux et souvent gratifié de menaces de morts par les plus extrêmes. Le spectateur n’en restera pas moins mort de rire.


Diego C.

vendredi 7 janvier 2011

¡Me encanta España!

Si l’Espagne va mal, son industrie du cinéma n’a jamais connu un tel rayonnement. Alors que ses figures de proue (Almodovar ou Amenabar, pour ne citer qu’eux) s’essoufflent peu à peu, la nouvelle génération des cinéastes espagnols ne finit pas de surprendre. Si Rec. fut probablement l’exemple le plus patent de ce regain, il ne fait que l’occulter. Rec. est loin d’être le meilleur mais il symbolise, en grande partie, les nouvelles tendances de ce cinéma.

« La movida » a laissé place aujourd’hui à des films un ton moins politique mais beaucoup plus angoissant, sombre, extrêmement réaliste et surtout très dérangeant. Le cinéma espagnol réinvente peu à peu le thriller et le drame en y ajoutant sa petite touche personnelle, une dose de violence supplémentaire et moins de superficialité. Revenant à un style plus simple, plus épuré, s’inspirant des valeurs espagnoles et de l’histoire de son pays, le cinéma espagnol en est devenu plus efficace.

Le spectateur y devenu la cible de prédilection. Le spectateur est laissé seul et rentre très vite dans l’univers des films espagnols qui lui font vivre une véritable expérience par un réalisme troublant et d’une rare intensité. Les budgets des films n’en demeurent pas bien moindre que dans d’autres productions étrangères et pourtant la qualité artistique y est, souvent, bien meilleure et surtout, ne cesse de s’améliorer depuis trois, quatre ans. L’Espagne confirme ainsi que l’argent ne fait pas forcément que des bons films, au contraire. Rarement, une industrie cinématographique n’avait réalisé autant de films angoissants, dérangeants et aussi réussis. Dernière preuve en date, l’excellent Buried de Rodrigo Cortes est un chef d’œuvre de tension où vos nerfs seront mis à rude épreuve. Porté par un excellent Ryan Reynolds, habituellement connu pour ses navets (the Proposal, Adventureland) que pour ses bons films (The Nine, Chaos Theory). Buried est une manifestation d’une réelle maîtrise des sentiments du spectateur. Alliant effroi et claustrophobie, Buried est un pur produit espagnol de qualité.

Le succès du cinéma espagnol dépasse aujourd’hui ses frontières puisque de plus en plus de jeunes acteurs espagnols doués et prometteurs s’exportent vers des projets de plus grande envergure. A l’inverse, les acteurs étrangers s’orientent davantage vers les productions espagnoles attirantes aussi bien financièrement qu’artistiquement. Elena Anaya, récemment apparue dans le dernier A bout portant, en est un exemple, après des apparitions remarquées dans Hierro ou Fojo sur le territoire ibérique. Eduardo Noriega ou encore Luis Tosar, protagoniste du réussi Celda 211 et récompensé pour sa performance dans le film, sont également d’autres figures de cette nouvelle génération d’acteurs talentueux que l’on risque de voir davantage sur les écrans. Et l’on s’en réjouit !

Voici quelques films espagnols que nous vous conseillons et qui illustreront nos propos :

Thriller
Horreur/ Fantastique
Policiers/ Actions
Buried (2010)
Rec (2008)
Celda 211 (2009)
Los Ojos de Julia (2010)
El Orfanato (2007)
GAL (2008)
Hierro (2009)
El Laberinto del Fauno (2006)
El Lobo (2006)


Diego C.








Diego C.

Cinéma de Papa : Le mythique Un homme et une femme

C’est en se baladant sur la plage de Deauville que Claude Lelouch eut l’idée du scénario. Jean-Louis Duroc, pilote automobile veuf depuis le suicide de sa femme et Anne Gauthier script-girl épleurée par la mort de son mari cascadeur, se rencontrent et ne vont plus quitter.

Un couple de légende, l’envoûtante Anouk Aimée et le rassurant Jean-Louis Trintignant, nous font vivre au rythme de leurs pérégrinations, leur histoire d’amour. Elle sera simple et compliquée, romantique et déchirante. Malgré de nombreuses contraintes, les critiques décevantes, un budget limité qui explique les scènes de noir et blanc en intérieur et couleur en extérieur, permettent tout de même l’authenticité des sentiments.

Bien au-delà de toutes les récompenses obtenues (Palme d’Or à Cannes, Oscar et Golden Globe du Meilleur film étranger), ce film, sur la mort et surtout l’amour, est entré à jamais dans l’éternité, au son de « chababada chabadabda, chabada chababada … »


dimanche 2 janvier 2011

Hayao Miyazaki : le Walt Disney japonais

Qui, hormis des aficionados des mangas, avait déjà entendu parler d’Hayao Miyazaki avant 1999 et le succès international de Princesse Mononoke? Personne, c’est là tout le paradoxe Miyazaki. Si ses films furent des succès reconnus au Japon, le reste du monde ne les a découverts qu’après 2000 alors que la plupart existaient déjà depuis les années 1980.

Que ce soit en tant que scénariste, producteur ou réalisateur, son œuvre est immense. Ce sont des thèmes récurrents, chers à Miyazaki qui reviennent dans l’ensemble de ses films. L’écologie en est un. Certains de ses mondes ont sombré dans le chaos voire l’apocalypse après que l’homme ait abusé des ressources de la terre et d’armes de destruction massive. Très marqué par la seconde guerre mondiale et un Japon dévasté, Hayao Miyazaki a ainsi un véritable dégoût pour la guerre. Son père, constructeur d’avions de chasse, inspira Miyazaki qui en fit sa passion (thème que l’on retrouve dans la plupart de ses films).

Ses héros sont presque toujours des enfants (excepté dans Porco Rosso et Le Châteaude de Cagliostro), exclusivement féminins et de tous âges. Cependant, ses héroïnes sont aussi accompagnées de garçons téméraires et protecteurs. Les méchants laissent quant à eux toujours une part d’ambigüité sur leurs fonds, ce qui laisse présager de nombreux rebondissements. Les films de Miyazaki sont aux antipodes de ceux de Walt Disney, envers lesquels il a souvent exprimé son désaccord.  Il nous fait aussi redécouvrir la culture traditionnelle japonaise et son opposition au monde moderne.

Le succès mitigé de Nausicaä de la Vallée du vent (1984) lui permet, pourtant, de créer son propre studio Ghibli. S’en suivront trois succès au Japon : Le château dans le ciel (1986), Mon voisin Totoro (1988) et Kiki, la petit sorcière (1989). Une parenthèse est faite avec Porco Rosso en 1992 qui s’éloigne largement de ses univers de prédilection, en racontant l’histoire d’un cochon pilote italien dans les années 1920.

De façon paradoxale, c’est pourtant un accord de distribution mondiale avec Walt Disney qui va lui donner la reconnaissance qu’il attendait tant. Il est impensable que vous soyez passés à côté de ses dernières réalisations. Son chef d’œuvre Princesse Mononoké (1997) lui apportera la gloire et Le voyage de Chihiro (2001) le mènera définitivement aux portes du panthéon des réalisateurs. Cette fable mystique sur une petite fille évoluant dans un monde parallèle pour sauver ses parents sera d’ailleurs primée avec l’oscar du meilleur film d’animation en 2002 et totalisera 23 millions d’entrées au Japon. En 2004 est sorti Le château ambulant, film préféré de Miyazaki de son propre aveu, relatant l’histoire d’une jeune fille transformée en veille femme par une sorcière. A noter que son dernier film  fut Ponyo sur la falaise en 2008.

Bien que Miyazaki soit l’empereur incontesté, il est impossible de ne pas parler de son prince, Isao Takahata. Après une première  collaboration avec le maître en 1968 sur Horus, Prince du soleil, il intègre le studio Ghibli en 1985, grâce son long métrage Kié, la petit sieste.  Ce studio lui permettra de réaliser ses deux films les plus aboutis, Le tombeau des lucioles (1988) et le burlesque Pompoko (1994).

Si Miyazaki est officiellement à la retraite, il se murmure pourtant qu’il pourrait faire son retour en donnant une suite à Porco Rosso. Quoiqu’il en soit, ses films fantastiques, aux images impressionnantes servies par d’exceptionnelles bandes sons méritent que vous les redécouvriez ou les découvriez si ce n’est pas déjà le cas.


Vincent L.




(Isao Takahata et Hayao Miyazaki)