mardi 31 mai 2011

Very Bad Trip 2

           Il est toujours difficile de faire une suite. A la vue de la bande-annonce on s’attendait aux mêmes effets que le premier opus. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’a pas été déçu.

            Pour rappel, nos trois anti-héros se retrouve cette fois-ci pour le mariage de Stu (Ed Helms). Mais celui-ci ne voulant pas réitérer les méfaits du dernier enterrement de vie de garçon de Doug (Justin Bertha), se refuse à le fêter. Mais c’est mal connaître nos compères Phil (Bradley Cooper) et Alan (Zack Galifianakis), et tout recommence…

            Effectivement on avait raison de se méfier. Le scénario est à l’identique du premier : Stu avec un nouvel incident facial, une disparition et un animal, sauf que ca se passe en Thaïlande. Tous ceux qui y sont allés, savent que ca peut arriver, ce film leurs rappellera peut-être quelques souvenirs, ou pas …


            Notre bande de joyeux lurons a surement fait le tour du sujet. Paul Giamatti, présent au casting n’apporte pas beaucoup. On a donc décidé de faire un aparté sur le singe. Celui-ci est surement la star du film, puisqu’il a déjà tourné dans Indiana Jones 4, La nuit au musée, 3h10 to Yuma et Docteur Dolittle 2.

            Si les évocations du premier opus sont subtilement gérées, il n’empêche pas le manque de nouveauté et d’originalité. Le film bénéficie pourtant de nombreuses cascades inédites, mais qui ne suffisent pas à couvrir cette impression de déjà vue.

Divertissant caractériserait à merveille Very Bad Trip 2. Voilà un film qui représente bien la difficulté de faire une suite, alors que le Thaïlande aurait été plus propice à d’autre délires en tout genre. Dieu merci, on les attendait, les photos du générique de fin permettent de relever quelque peu le niveau. 

Vincent L.


vendredi 27 mai 2011

Gods must be crazy

            Gods must be crazy restera probablement l’un des films les plus drôles et les plus percutants qu’il m’eût été donné de voir. Réalisé en 1980 par le sud africain Jamie Uys, Gods must be crazy allie humour et critique avec une facilité et une simplicité déconcertante. Sans tomber pour autant dans la caricature dans laquelle il aurait été aisé de s’enliser, le film soulève le problème du fossé culturel pouvant exister entre les sociétés occidentales, l’Amérique en tête de file, et les sociétés dites « primitives ».
            La nuance entre les civilisations est subtilement introduite, de manière assez burlesque, par l’intrusion au sein d’une tribu sud-africaine, isolée dans le désert du Kalahari, entre la Namibie, l’Afrique du Sud et le Botswana, d’une bouteille de Coca-Cola. Tout un symbole lorsque l’on sait qu’en 1980, Coca-Cola était la marque la plus répandue au monde (loin devant McDonald’s), ayant même été la seule entreprise de boissons fraîche autorisée, à l’époque, à pénétrer le territoire de la République populaire de Chine.

            La découverte de ce nouvel objet que la tribu considère comme émanant de Dieu, va peu à peu attirer les convoitises et attiser les rivalités entre tous ses membres, jusqu’au jour où leur chef décidera de se débarrasser définitivement de cet objet maléfique.
            Si ce court synopsis en dit long sur la teneur du film, il ne dévoile en rien l’intrigue. Car Gods must be crazy n’est pas seulement une mise en exergue des différences culturelles entre notre civilisation et celle de ces tribus. Ce film est également une réflexion plus poussée sur nos sociétés prétendues « civilisées », sur leur mode de consommation et le sacrifice qu’il en résulte, au détriment de la Nature, notamment.

            Pour la première fois, le spectateur est plongé dans le regard de l’autochtone et adopte  la vision qu’il peut avoir de l’occidental, de sa façon de vivre, qui, d’une certaine façon, lui apparaît tout aussi absurde que celle que nous, occidentaux, pouvons avoir de la sienne. Ce film n’a pas pour vocation de critiquer éperdument l’industrialisation à outrance de l’occident, ou sa consommation exubérante et effrénée, tout en faisant l’apologie d’un mode de vie plus « rudimentaire ».

Le film a davantage vocation à défendre une idée. Celle qui consiste à croire que la mondialisation, l’industrialisation à outrance ne sera jamais aussi enrichissante que la coexistence de cultures aussi « antinomiques » au premier abord, différente, après réflexion.

Ce film est une allégorie de la tolérance, et pour le coup, il est à consommer sans modération !

Diego C.



jeudi 26 mai 2011

Un film roi

L’homme qui voulait vivre sa vie (2009), L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux(1998), L’homme qui plantait des arbres (1988), L’homme qui aimait les femmes (1977) sont autant d’hommes qui ont alimenté notre univers cinématographique.

Mais s’il y a bien un homme dont il faudrait parler ou plutôt un film qui fit de deux hommes des rois du cinéma, alors attardons-nous sur L’Homme qui voulut être roi de John Huston.
Réalisé en 1975, le film s’inspire directement d’une nouvelle au titre éponyme de l’anglais Rudyard Kipling. Son adaptation au cinéma demandera au réalisateur John Huston, fidèle admirateur de l’écrivain, près de 20 ans de réflexion et plus de 6 mois de tournage pour un budget de près de 8 millions de dollars, dont de nombreux bakchichs, concédés à toutes les autorités locales pour filmer leur paysage.

L’Homme qui voulut être roi est l’aventure de deux anglo-saxons, Peachy Carnahan (interprété par Michael Caine) et Daniel Dravot (Sean Connery) qui, à la fin du19ème siècle, assoiffés de pouvoir, décident de partir là où personne n’a osé s’aventurer depuis Alexandre Le Grand, le Kafiristan. Ne vous préoccupez pas de savoir où cela pourrait se situer. Seul l’imaginaire du démentiel Kippling pourrait y répondre. Nos deux téméraires quittent donc l’Inde et son Commonwealth pour explorer de nouveaux horizons.

Le film dure plus de deux heures. Deux heures où le spectateur sera plongé dans un road movie époustouflant. Pas de voiture mais des dromadaires. Pas de moto mais des chevaux. Tourné aux Etats-Unis, au Maroc, en Inde, en France et en Afghanistan, la qualité du film repose avant tout dans les paysages qu’il révèle au spectateur. Un voyage à la Lawrence d’Arabie. Un périple semé d’embuches où l’étendue des contrées filmées fustige son audience autant qu’il l’émerveille. Apparaît dès lors toute la dimension esthétique du film.


Et puis, il y a l’histoire du film, son contenu. John Huston ne voulait pas se dérober à la nouvelle originelle. Il s’y colle à quelques détails près. De l’histoire, jaillit la dimension politique du film, fidèle à son écrivain engagé. Kippling est un anglais, un amoureux de l’Angleterre et de l’Inde, mais surtout un fervent défenseur pour l’indépendance des pays du Commonwealth. Daniel Dravot et Peachy Carnahan ne sont pas seulement deux aventuriers, ils sont un pays, l’Angleterre. Ils incarnent une critique, l’impérialisme occidental ou la domination par la force et la suffisance. La critique n’est pas explicite, elle n’est que suggérée, tacite. Et c’est ce qui la renforce. Tout spectateur averti y verra une contestation du régime de l’époque et l’ingérence outrageuse et méprisante du colonialisme, anglais spécifiquement, occidental surtout.

Enfin il y a deux acteurs, deux Lords anoblis et respectés par toute une profession, par tout un art. Deux monuments du cinéma qui ne se rencontreront qu’une seule fois sur grand écran, Connery & Caine. Deux amis et deux icônes qui n’hésitèrent pas à s’immiscer dans le script pour lui donner l’envergure qu’il insuffle, voilà 36 ans, sans esquisser une once de ride. Deux monuments émérites dont la filmographie est aussi édifiante qu’exhaustive, mais pour qui, L’homme qui voulut être roi restera, selon leurs propres dires, comme leur plus grand chef d’œuvre.

Diego C.

lundi 23 mai 2011

I'm not a Nazi

« Malaise », «  controverse » et autres noms communs ont alimenté les récents propos tenus par notre réalisateur danois Lars Von Triers. Des propos qui lui valurent l’exclusion immédiate et définitive du festival, du moins, pour cette année. Pour sa huitième apparition sur la croisette, notre habitué de la provocation est allé une once trop loin, pour tous. Et pour des propos aussi scandaleux, une sanction univoque et exemplaire, l’éviction ! Le motif invoqué par le grand jury, exceptionnellement mis en place pour traiter définitivement ce dossier danois épineux, l’interdiction de proférer des propos « inacceptables, intolérables, contraires aux idéaux d’humanité et de générosité qui président à l’existence même du Festival », selon le communiqué officiel du festival.

Du jamais vu sur la croisette ! De quoi alimenter spéculations, indignations et réactions à tout-va. De quoi nous rassurer quant à l’objectif même du festival de Cannes « présenter leurs œuvres et défendre la liberté d’expression et de création » (toujours selon le communiqué officiel).  On aimerait s’en réjouir.

En tout cas, pour notre provocateur danois, habitué à ses frasques narcissiques et supposées « borderline », c’est le strike. Le coup médiatique parfait. Une utilisation exemplaire, de ce qu’est et restera le festival de Cannes, de la publicité. Pour cela, il n’a joué que de quelques tours qui lui vaudront ni condamnation ou autre sanction judiciaire, tout simplement parce que les propos de Lars ne sont pas antisémites, si l’on s’en réfère à la définition même du mot. Donc, dire que l’on comprend Hitler, que l’on comprend l’homme dans un sens, même s’il n’est pas intrinsèquement bon, ce n’est pas antisémite et encore moins contraire aux idéaux d’humanité et de générosité qui président à l’existence d’un festival comme celui de Cannes.

(Lars Von Trier, photocall Cannes 2011)

On peut même aller plus loin dans la réflexion. En regardant la vidéo de plus près, on peut entendre Lars Von Triers dire « I sympathize with him (Hitler) a bit ». Traduction faite dans l’urgence du direct, agrémentée par de nombreux bégaiements, « Je sympathise avec lui, un petit peu ». Propos par la suite repris par tous les quotidiens et journaux français. Une traduction qui n’est que le reflet du niveau de langue de notre chère patrie, lamentable. Il aurait été judicieux de s’intéresser à la traduction des propos avant d’en relayer ses méfaits. Oui « Sympathize » est un mot qui existe en anglais. Mais jamais ce mot ne signifiera « sympathiser » ou alors on considère que Google traduction, c’est de l’anglais. Pourtant, dans n’importe quel dictionnaire anglais-français, seules deux traductions coexistent à ce mot. « Sympathize » signifie « avoir de la compassion » ou « s’apitoyer ». Et oui, la différence d’orthographe est négligeable mais la nuance est tellement édifiante. D’ailleurs, sympathiser n’est jamais énoncé comme synonyme de compatir ou de s’apitoyer. Tout simplement parce que sympathiser n’a absolument et catégoriquement pas le même sens que ces deux mots!

Qu’importe, pour le Conseil d’Administration du Festival, institution garante du « bien pensant », s’en est trop ! On vire le facho ! Tant pis pour les excuses tenues après coup par le réalisateur qui reconnaît sa bêtise, bien réelle. Un mea culpa qui fait pâle figure face aux attaques parfois accablantes de naïveté et de malhonnêteté de certains ses détracteurs. Tout le monde y va de son avis. Monsieur Mitterand, notre ministre de la culture et de la communication désigne les propos « d’inacceptables » et fait part de son « indignation », ce qui contraste fortement avec l’aphonie qui l’avait caractérisée récemment lorsque deux figures de la classe politique française, condamnés par la justice depuis, tinrent des propos bien plus sulfureux et véritablement antisémites. Venant du même parti que lui, il était de bon ton de se taire, alors.

Un Mitterrand qui ne constitue qu’une figure, parmi tant d’autres, à s’être exprimé sur ce sujet par des propos hargneux et dénigrants (généralement à l’origine des comportements qu’ils rejettent justement), arguant un antisémitisme mondial omniprésent alors qu’il n’est que bien réel, ce qui est déjà suffisamment difficile à bannir. Des personnalités qui, encore une fois, alors que cette histoire aurait pu en rester à des excuses plates mais nécessaires, n’ont eu pour mérite que  d’instrumentaliser l’antisémitisme plutôt que de le combattre véritablement.

En tout cas, Lars Von trier le savait pertinemment et, fidèle au désinvolte qu’il est, ne s’est pas privé de suggérer la pseudo-polémique pour que la France ne l’alimente davantage encore. Pas étonnant que Lars Von Triers se sente « fier d’avoir été déclaré persona non grata », un moyen supplémentaire d’alimenter son égo (en avait-il vraiment besoin ?). Bref mesdames, messieurs les stars, politiciens et tout ce beau monde de notre bling-bling quotidien, vous vous rendrez facilement compte, qu’au lieu d’atténuer les penchants communautaristes haineux, vous ne faites que les sustenter. En Générant la polémique sur des propos qui ne sont pas antisémites, vous ne faites que détournez le regard des gens sur ce que ce fléau est véritablement. De quoi être indignés (le mot est enfin utilisé à sa juste valeur). A croire que vous devriez malheureusement côtoyés des antisémites plus souvent pour comprendre qui ils sont réellement. Encore une fois, vous avez discrédité les vrais défenseurs des idéaux humanitaires.

A tout cela, une conclusion est aujourd’hui évidente, si l’humour n’est assurément pas danois, la culpabilité et la malhonnêteté, elles, sont bien françaises.

« Persécuteur et persécuté sont identiques. L'un s'abuse en ne croyant pas avoir sa part de souffrance; l'autre s'abuse en ne croyant pas participer à la culpabilité. », Arthur  Schopenhauer.



Diego C.


lien vidéo de la conférence de presse de Lars Van Trier:


http://player.canalplus.fr/#/467601

dimanche 22 mai 2011

Voilà, Cannes c'est fini !

Si le blog tourne actuellement au ralenti, on s’en excuse, on a quand même regardé la remise des prix du Festival de Cannes. Peu de surprises, comme toujours le festival de Cannes, la soi-disante grande vitrine du marché international du film, oubli de récompenser des films qui mériteraient surement une plus grande promotion.

On a aimé la remise du Prix du Jury à Maïwen pour Polisse, dont s’est le troisième film après le touchant Le Bal des actrices. La consécration, enfin, pour Jean Dujardin, dans le film, de l’ovni du cinéma, Michel Hazanavicius (OSS 117 et Le Grand Détournement) et l’hommage rendu au réalisateur iranien, Jafar Panahi. Panahi et Mohammad Rasoulov, toujours absents de la cérémonie.

Provocation, comme le «fuck» écrit sur sa main lors du photocall, ou perte de contrôle, on passera sur les propos tenus par Lars Von Trier. Heureusement Kirsten Dunst était la pour sauver quelque peu son film et remercier le jury de l’avoir maintenu, avec le Prix d’Interprétation féminine.

Pour le moment tant attendu, la Palme d’Or revient à Terrence Malick (La Ligne Rouge, Le nouveau monde) pour The Tree of Life, hué lors de la présentation à la presse. Etant donné qu’on a pas vu le film on se passera de commentaires mesquins. Absent lors de la remise de sa Palme, il récompense surtout l’ensemble de sa carrière de réalisateur, riche de cinq films, en moyenne un tous les huit ans.

Cette cérémonie a joui d’un air gai et polisson, rien à voir avec le strict de certains précédentes cérémonies. L’ovation pour Robert de Niro et sa confusion en français entre compagnons et champignons. Hilarant, la palme d’or, palme de plongée en or, de Mondry pour son chouchou des court-métrages, Maillot de bain 46, la petite danse de Jean Dujardin amplement méritée et son «j’aimerai pas être à ma place» et pour finir, Edgar Ramirez courtisant la belle Mélanie Laurent. On regrettera quand même le too much de celle-ci !

Sinon voici l’ensemble des résultats, pardon on oubliait que les frères Dardenne ont encore eu un prix, comme d’habitude…


La Palme d'Or: Tree Of Life de Terrence Malick
Grands Prix ex aequo: Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan et Le Gamin au vélo des frères Dardenne
Le prix d'interprétation masculine: Jean Dujardin dans The Artist
Le prix de la mise en scène: Nicolas Winding Refn pour Drive
Le prix d'interprétation féminine: Kirsten Dunst dans Melancholia           
Le prix du scénario: Joseph Cedar pour Footnote
Le prix du jury: Polisse de Maïwenn
Caméra d'or : Las Acacias de Pablo Giorgelli
Palme d'or du court métrage : Cross Country de Maryna Vroda


Vincent L.









Festival de Cannes, what else ?


Actualité & Festival de Cannes obligent, nous vous proposons ce mois-ci de parcourir avec nous les grands opus qui furent couronnés par cette académie prestigieuse. Voilà maintenant 65 ans que le grand jury décerne chaque année sa palme, autant d’années qui furent marquées par des surprises, des confirmations. Autant de récompenses qui ont nourri aussi bien les critiques que l’univers cinématographique et son environnement.

Nous poursuivons donc ce tour d’horizon par l’incontournable mais méconnu Barton Fink des frères Coen, sorti en 1991 et auréolé de trois prix, dont le plus prestigieux et le plus convoité de tous, la palme d’or. L’histoire d’un écrivain qui tombe dans les abysses de la panne d’inspiration, l’histoire d’un écrivain en proie à des angoisses inhibitrices et des voisins déjantés. Le film est brillant, interprétés par un John Turturro poignant et un John Goodman hilarant, fidèles à eux-mêmes, lorsqu’ils sont dirigés par la fraternité Coen. Le film fit l’unanimité auprès de tous et ravit à bon nombre de prétendants toutes les récompenses. Palme d’or, Prix d’interprétation masculine, Prix de la mise en scène. Pourtant, les concurrents avaient leur mot à dire. On pense à Maurice Piallat et son Van Gogh ou Europa de notre sulfureux Lars Von trier, un « Ex»-habitué de la côte d’Azur. Tous avaient de bons arguments mais le choix du jury fut sans appel, peut-être parce qu’en y regardant de plus près, il n’avait pas lieu d’en avoir…

(John Turturro dans Barton Fink)

Néanmoins, le choix de Barton Fink n’est pas anodin dans notre revue de la croisette. Barton Fink est un film excellent qui incarne à lui seul les difficultés sous-jacentes au monde féerique du tapis rouge et de ses paillettes. Parce que Barton Fink fut le premier et le dernier film à avoir ravi autant de récompenses sur la Côte d’Azur et cela pour deux raisons.

La première tient au président du jury de l’époque, Roman Polanski. Un homme au-dessus des lois qui n’hésita d’ailleurs pas à jouer de son aura et de son statut de président pour obliger tous les membres à voter pour Barton Fink. La malhonnêteté de monsieur Polanski fut édifiante. Invitant tous les membres du jury dans un restaurant cannois, les priant de se désaltérer jusqu’à satiété, Polanski improvisa un vote, alors que tous les membres étaient éméchés, qui vit Barton Fink récompensait trois fois. Tous les membres demandèrent à ce que le vote soit refait de manière convenable mais leur président refusa catégoriquement.

(Roman Polanski, Président du Festival de Cannes en 1991)
La deuxième raison relève davantage de l’économie. Car si le Festival de Cannes est une reconnaissance artistique glorieuse, il est aussi au cinéma, comme tout prix d’une telle aura, ce que le prix Goncourt est à la littérature, une manne financière indéniable et parfois pharamineuse. En soi, cela ne peut être avancé comme une critique. Une œuvre, parce qu’elle est réussie, doit pouvoir jouir de ce succès dans les salles. D’une certaine façon, c’est aussi une consécration. Pourtant, suite aux trois récompenses décernées par le jury et à la fraude du président qui l’incarnait, certaines voies s’élevèrent à juste titre, mais assurément pas pour les justes raisons.

Depuis, la commission du festival a décidé, à l’unanimité de tous ses membres et des producteurs surtout, qu’un film ne pourrait être récompensé plus d’une fois.

La raison invoquée par la commission à cette décision s’enracine dans la devise du festival, promouvoir les films. Une initiative qui aurait été respectable si elle n’avait pas été teintée d’hypocrisie.  Pourquoi ? Parce que Festival de Cannes rime avec argent. Conclusion, si un film remporte tous les honneurs, qu’auront les autres à se mettre sous la dent ? Rien.

Alors la question du jour, pour vous chers lecteurs :

Comment appelle-t-on une compétition où, chaque année, près de 20 films font partie de la sélection officielle et où, au minimum, un film sur deux sera récompensé, que le jury soit corrompu ou pas ?



dimanche 15 mai 2011

Le Vent se lève



            Ken Loach est l’un des habitués de la Croisette au mois de mai, mais surtout un collectionneur de récompenses. Prix du Jury en 1990 pour Secret Défense et en 1993 pour Raining Stones, la Palme d’Or lui sera remise en 2007 pour Le Vent se lève, à l’unanimité du jury.

Il s’est attaqué au velléité d’indépendance et la guerre civile irlandaise des années 20. Le film Michael Collins avait déjà traité ce sujet avec plus ou moins de réussite. Ken Loach l’a lui réussi avec brio. Un film poignant où l’on retrouve son style, filmer avec justesse les petits gens, face à leurs démons et  leurs interrogations.

(Cillian Murphy et Padraic Delaney dans les rôles de Damian et Teddy O'Donovan)
            Alors que son frère Teddy O’Donovan s’est déjà engagé dans la résistance avec l’IRA, son frère, Damian, décide lui aussi de les rejoindre pour faire face à la répression sanglante de l’armée britannique.

            Fresque historique, Ken Loach dépeint avec sobriété et magnificence un fait tragique de l’Irlande, comme Sunday Bloody Sunday l’avait fait avant lui. Sans réel parti pris, il narre les faits morbides, que peut entraîner un guerre pour l’indépendance, du côté de l’insurrection comme du côté de l’armée britannique.

Avec comme second plan la campagne irlandaise, Ken Loach poursuit sa balade irlandaise jusqu’à la sécession entre les signataires du traité de Londres et ceux voulant l’indépendance totale, au travers du regard des deux frères partisan chacun de l’un des deux camps.


            Ken Loach réussit une poésie guerrière, d’une rare sensibilité au milieu des horreurs de la guerre, des trahisons et des vengeances personnelles. Sublime, les personnages manquent pourtant de profondeur et d’audace scénaristique pour en faire une véritable fable. 





Vincent L.





Le Vent Se Lève _ Bande-annonce Vost par yanagi

mercredi 11 mai 2011

Allez hop, tous au Festival!

        Sulfureux, touchants, épatants, les films présentés au Festival de Cannes permettent d'élargir le panel cinématographique de chacun. Pourtant, qui honnêtement s'est risqué à aller voir Oncle Boonmee ou 4 mois, 3 semaines et 2 jours (respectivement Palme d'Or 2010 et 2007) ? Si le jury a parfois consacré des films, aujourd'hui éternels (Taxi Driver, Pulp fiction, Sailor et Lula), les trois quarts des films de chaque sélection sont une véritable énigme pour le grand public.

(L'hommage au soldats coloniaux durant la Seconde Guerre Mondiale par l'équipe du film Indigènes)

Pour rappel, voici la sélection officielle du Festival de Cannes 2011: 






-La peau que j'habite de Pedro Almodovar 
-The tree of Life de Terrence Malick 
-La source des femmes de Radu Mihaileanu 
-L'apollonide de Bertrand Bonello 
-Foot note de Joseph Cedar 
-Pater d'Alain Cavalier 
-Once upon a time in Anatolia de Nuri Bilge Ceylan
-Le gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne
-Sleeping Beauty de Julia Leigh
-Polisse de Maïwenn Le Besco
-Le Havre d'Aki Kaurismaki 
-Hanezu no tsuki de Naomi Kawase 
-Drive de Nicloas Winding Refn 
-Melancholia de Lars Von Trier 
-Ichimei de Takashi Miike
-Habemus Papam de Nanni Moretti 
-We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay 
-Michael de Markus Schleinzer
-This must be a place de Paolo Sorrentino 

        33 pays sont représentés. On notera les habitués de la sélection du Festival: Nanni Moretti, Naomi Kawase 3ème participations et Paolo Sorrentino 4ème participations. Pour le reste, Almodovar, Lars Von trier et les frères Dardenne ont depuis longtemps leurs quartiers printanier dans la sélection officielle.  

(Tarantino, en recevant la Palme d'Or, fit un doigt d'honneur au public qui le huait)

       A défaut de pouvoir assister aux projections, à partir d'aujourd'hui et pendant toute la durée du Festival, c'est à dire onze jours, nous allons vous présenter les films marquants de la Croisette, actuels ou oubliés. On commence aujourd'hui avec un film présenté en 1973: La Grande Bouffe, de Marco Ferreri. 

LienLa Grande Bouffe


(Roberto Benigni, marqua à tout jamais le Festival par sa jovialité débordante en apprenant qu'il recevait le Grand Prix du Jury pour La Vie est Belle)

Vincent L.

lundi 9 mai 2011

Le Nom des gens



C’est frais, désopilant, avec des scènes qui font mouche en un éclair ! Se sont surtout des dialogues qui donnent un rythme soutenu au film.
(Jacques Gamblin et Sara Forestier)

Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) est les deux antagonismes de ce doux slogan contre la guerre du Viêt-Nam, elle fait la guerre en faisant l’amour. Sa croisade sexuelle ne lui sert qu’à convertir des hommes de droite pour la gauche. Mais celle-ci va être chamboulé par la rencontre d’Arthur Martin (Jacques Gamblin), scientifique adepte du risque zéro, mais surtout jospiniste convaincu …

Ce film, c’est avant tout un couple complémentaire, Sara Forestier, en folle ingénue et Jacques Gamblin, en innocent jospiniste. Au travers de ses deux truculents personnages, le réalisateur Michel Leclerc traite avec désinvolture de sujets sensibles sur fond de comédie.


Lionel Jospin, qui pour la première fois de sa vie, passait devant la caméra ne s’en tire pas trop mal, avec une réplique pleine de bon sens : «Un jospiniste aujourd’hui, c’est aussi rare qu’un canard mandarin dans l’île de Ré».

Si ce film est quelque peu déconcertant par la démesure de certaines situations, notamment avec Bahia (joué par Sarah Forestier qui mérite amplement son César de Meilleur actrice), cette comédie sociale traite avec justesse de sujets tel que les origines, la nationalité, l’identité, les non-dits, ou tout simplement de noms.



Vincent L.



jeudi 5 mai 2011

Happy Few, valse amoureuse à un temps



           Une idée de base originale, traitée avec pudeur, mais qui n’arrive pas à convaincre. Au fur et à mesure que l’on avance avec les personnages, tous les clichés tombent. Et l’on est ravi quand le générique de fin arrive, malheureusement après une heure et demie d’un ennui infini. Très certainement l’erreur cinématographique de l’année.
           
            Rachel (Marina Foïs) rencontre dans son atelier de bijou, Vincent (Nicolas Duvauchelle). Séduite, elle l'invite lui et sa femme Teri (Elodie Bouchez) à un dîner avec son mari Franck (Roschdy Zem). Leur amitié naissante va laisser rapidement place à l'amour.    
   
(Marina Foïs, Roschdy Zem, Nicolas Duvauchelle, Elodie Bouchez et le réalisateur Antony Cordier)

            L’idée de : peut-on aimer deux personnes à la fois,  qu’on soit d’accord ou non avec cette pensée, avait de quoi être accrocheur. Pourtant il n’en est rien. Lenteur, longueur, des scènes de nues inutiles, le sujet du libertinage avait été traité plus simplement et plus intelligemment dans Peindre ou faire l’amour.

            L’attente est interminable pour que le film commence enfin, pas sur d’ailleurs qu’il ait commencé. Malgré un quatuor d’acteurs confirmés, ce film ne transpire pas la sincérité, ni l’émotion. On se sent étranger aux personnages qui ne nous font pas rentrer dans leur valse amoureuse. A éviter.






Vincent L.


mardi 3 mai 2011

Kill Bin Laden

           Actualité oblige, le cinéma n’échappe pas non plus à la nouvelle sensationnelle de la mort de Ben Laden. Kathryn Bigelow, la réalisatrice oscarisée pour son film Démineurs, avait pour projet de réaliser un film sur la traque de Ben Laden.

            L’idée originale racontait la traque  de l’ennemi n°1 des Etats-Unis par la CIA et l’intervention d’une équipe des Navy Seals. Il se murmurait d’autre par que Joel Edgerton (Animal Kingdom) et Michael Fassbender (Inglorious Basterds) étaient pressentis pour des rôles dans ce film.

(Mark Boal et Kathryn Bigelow) 
            Alors que le tournage aurait pu commencer cet été, Kathryn Bigelow et son scénariste, Mark Boal, réfléchiraient à changer les quarante dernières minutes du film Kill Bin Laden, suite à l’annonce de l’assaut par les troupes américaines et la mort de Ben Laden. Pour finalement intégrer l’assaut d’Abbotbad, ce que révèle le Hollywood Reporter.

            Quoi qu’il en soit, Ben Laden n’a pas fini d’inspirer Hollywood ; il était déjà au centre d’un documentaire de Morgan Spurlock (Super Size Me) et d’un film de Bollywood (Tere Bin Laden); de nombreux autres projets sur sa mort devraient bientôt voir le jour, pour le plus grand plaisir de nos compatriotes américains. 


Vincent L.