mercredi 31 août 2011

Cowboys & Envahisseurs

         Comme annoncé lors de la sortie de Morning Glory, le pire est arrivé à Harrison Ford. Il a fallu qu’il se lance à nouveau dans un rôle de vieux bougon proche de la retraite. Au vue de ses derniers rôle, il serait d’ailleurs peut-être temps pour Indy de prendre une retraite bien méritée.


         Pour une fois la bande-annonce ne mentait pas : le navet attendu est arrivé. Monsieur Spielberg, n’en déplaise à votre légion d’honneur, la production n’est pas votre tasse de thé.

         Mêler westerns et extraterrestres aurait pu être intelligent, avec un peu plus d’autodérision, voir en faire un western spaghetti. L’erreur du film réside dans le fait de ne pas avoir entremêlé les genres. Le scénario est quand à lui inexistant.

         On passe donc une heure trente à regarder Harrison Ford et Daniel Craig en plan serré, heureusement ses plans sont beaucoup plus intéressants quand apparaît Olivia Wilde. Sinon pour voir des scènes à couper le souffle il faudra repasser.

         On ne s’éternisera pas plus sur ce western de science-fiction. On attend avec impatiente Blackthorn (un western, un vrai, imaginant la vie de Butch Cassidy s'il n'était pas mort en 1908). Avec tout ça on allait presque en oublier le synopsis : les cowboys et les indiens s’unissent contre des envahisseurs extraterrestres. Tout est dis !


Vincent L.







mardi 23 août 2011

La Piel Que Habito

Le dernier Pedro Almodovar sortait en salle cette semaine.

Robert Ledgard est un brillant chirurgien. Déboussolé par la mort de sa femme, brûlée vive, il tente désespérément de mettre au point une nouvelle peau qui aurait pu la sauver. Ses tests et résultats sont de plus en plus concluants. Cette nouvelle peau pourrait résister à toute agression parasite et permettre de soigner de grandes maladies, Robert en est persuadé. Encore faut-il le prouver. Il va trouver en Vera, un cobaye humain parfait pour y parvenir.
Interprété par Antonio Banderas (Robert Ledgard) et Elena Anaya (Vera) et inspiré du roman de Thierry Jonquet, Mygale, paru en 1984, La piel que habito se distingue des précédents films  du réalisateur espagnol par un genre jamais abordé jusque-là, le thriller.

Un changement de taille qui opère plutôt bien dès les premières minutes. Almodovar fait fi des ingrédients qui avaient pourtant fait la qualité de ses précédentes œuvres. L’univers social, qui nourrissait la psychologie de ses personnages par le passé, a ici complètement disparu. Le spectateur se sent très vite étouffer dans un univers clos et enigmatique, jonglant assez subtilement entre fantastique et thriller.
Symbole de cette réussite, Antonio Banderas que l’on n’avait pas vu aussi bon depuis bien longtemps. Le  célèbre acteur espagnol canalise l’attention et donne au film, dans ce rôle démiurge vacillant entre génie scientifique et folie humaine, une force intense et sombre.
Pourtant, La Piel que habito souffre rapidement d’un manque d’énergie aussi bien dans le scénario que dans sa mise en scène. Le flashback qui constitue la moitié du film saborde tout suspense. La bande originale manque également de nervosité et contraste de manière assez surprenante avec ce que la bande annonce laissait présager. Les quelques rebondissements restants ne parviendront d’ailleurs pas à nourrir une intrigue, dont la fin reste banale et prévisible.
Almodovar signe là un premier thriller raté que la brillante interprétation de son acteur fétiche ne parviendra malheureusement pas à camoufler.
Diego C.

dimanche 14 août 2011

Melancholia

            Interprété par Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, Melancholia se découpe en deux parties. La première se focalise sur l’échec du mariage de Justine (Kirsten Dunst) organisé par sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg). La deuxième se concentre davantage sur le personnage de Claire et sa peur de voir la planète Melancholia heurter la Terre. On assiste à une dépression de Justine et une montée des angoisses de Claire, sous fond d'apocalypse imminente. Les deux parties se complètent, se suivent, avec un fil conducteur en filigrane.
Récompensée par le prix d’interprétation féminine à Cannes, Kirsten Dunst est saisissante et transmet magistralement le malaise qui l’étreint. Ses sourires crispés, ses regards fuyants, ce bonheur affiché évoquent admirablement le mal-être qui l’habitait déjà dans Virgin Suicide (1999) où elle était éblouissante.  Charlotte Gainsbourg n’a pourtant rien à lui envier dans ce rôle d’une Claire angoissée, apeurée mais volontaire.

Mais bien plus qu’à travers le jeu des acteurs, Melancholia  illumine surtout l’écran par sa plastique travaillée et sa mise en scène éblouissante. L’admiration du réalisateur pour l’esthétique nazie n’y est pas anodine. Melancholia est un brillant hommage au romantisme allemand et tire son essence de chaque plan filmé, à l'image du courant dont il s'inspire. Chaque lumière saisie, chaque image décomposée, font de certaines scènes de véritables tableaux en présence, dignes des plus grands peintres, que la musique de Wagner sublimera encore davantage.
Filmés uniquement en Suède, les plans panoramiques et les paysages sont splendides. Lars Von Trier fait ici étalage de tout son talent de metteur en scène, avec une virtuosité et volupté déconcertante. Melancholia n’est pas un film, il est un chef d'oeuvre pictural, dont les premières scènes prophétiques du prologue subjuguent et envoutent par leur éclat. L’épilogue apocalyptique a, quant a lui, des allures de paradis et confirme que Lars Von Trier est avant tout un réalisateur de génie. Esthéticien hors pair, il nous livre une composition artistique prodigieuse, peut-être sa plus aboutie.
Ne pas revenir sur les propos qui avaient entaché sa venue à Cannes parait dès lors difficile. Son éviction du festival pour ces propos limites avait fait office de punition. Mais à en voir Melancholia, ne pas lui décerner la palme en était déjà une, bien plus sévère.
 Diego C.

samedi 6 août 2011

Super 8

         Après deux ans d'attente, voilà le nouveau Spielberg. Pardon, il n est que le producteur et la réalisation a été confiée à J.J. Abrams. Celui-là même qui pendant six ans nous a entourloupé avec la série Lost et qui continue de le faire aujourd'hui avec Super 8.

Une bande d'ados se lance dans la réalisation d'un film de zombies en super 8, espérant gagner un concours. Lors du tournage d'une scène, il assiste à un accident ferroviaire. Par la suite d'étranges disparitions et évènements vont se produire dans leur petite ville de l'Ohio, inexpliqués et qu'ils n'osent pas imaginer.


Le casting fait preuve d’amateurisme, la bande d’ados peut pourtant se targuer d’avoir un jeu plus abouti que leurs ainés. La plupart sont d’ailleurs des acteurs issus de série tel que Demain à la une, True Blood (Kyle Chandler, Ron Elard et Jessica Tuck). La mention spéciale de ce film va à Elle Fanning, découverte dans Somewhere de Sofia Coppola, elle nous revient pétillante et sublime, preuve s’il en ait, qu’elle est et sera une grand actrice.

Hormis la scène de l’accident ferroviaire, le reste de la photographie laisse à désirer. L’alchimie requise dans ce genre, entre frayeur et émotion, tourne au pathétique.

Si J.J. Abrams renoue avec un genre disparu depuis bien longtemps des salles obscures, n’est pas Spielberg qui veut. Ce film c’est un peu de E.T et les Goonies sans les meilleures scènes. Ce film sonne donc comme le chant du cygne de l’époque extraterrestre de Spielberg.


Vincent L.



vendredi 5 août 2011

Solutions Locales Pour Un Désastre Global

D’un point de vue cinématographique, la conclusion serait simple et brutale. Oui, Solutions Locales Pour Un Désastre Global (2010) est un documentaire trop long, légèrement soigné sous le prisme de l’alarmisme, couplé de plans bancals, à l’esthétique quasi-inexistante, au son parfois  inaudible et à la mise en scène simpliste.
Mais si l’on se contentait uniquement d’aborder les qualités cinématographiques du film, alors la conclusion serait avant tout manquée.

Car Solutions locales pour un désastre global  tonne et donne de la voix à ceux qu’on écoute peu. Pierre Rabhi ou le couple Bourguignon, pour ne citer qu’eux. Leurs noms ne vous diront peut-être rien, mais ils sont aujourd’hui les derniers experts de la microbiologie des sols.

Evitant de s’enliser dans un simple réquisitoire anti-pesticide, le film présente de vraies solutions et se distingue de tous les autres documentaires du genre.

Et c’est là toute sa contribution. Coline Serreau réhabilite la pensée de quelques rares spécialistes, dont les travaux sont aussi alarmants qu’édifiants. Parcourant la terre entière, la réalisatrice française offre néanmoins une vision étayée de toutes les alternatives viables, durables et efficaces, à l’agriculture intensive actuelle.  Sollicitant la coopération d’éminents chercheurs, agriculteurs, scientifiques et philosophe,  le film milite pour un changement profond des techniques agricoles au profit d’une agriculture biodynamique.

Et si Solutions locales pour un désastre global  sensibilise et réveille par la pertinence  des propos, accuse et alarme par l’édifiant non-sens de notre agriculture moderne, il rappelle surtout à son spectateur l’urgence des préoccupations environnementales de notre 21ème siècle.

 Ce film n’est pas une œuvre artistique. Non, il est surtout une prise de conscience, un éveil, qui n’aura d’intérêt pour l’humanité que s’il est relayé, maintenant.  
Diego C.