lundi 26 septembre 2011

L'Apollonide - souvenirs de la maison close

           Avec Bertrand Bonello, on s’attendait à un film qui allait sentir bon le «sperme et le champagne», il s’éloigne pourtant des scènes, parfois insoutenables, du Pornographe ou de Tiresia. Il poursuit ici ses investigations sur le monde du sexe.

            L’Apollonide raconte l’apogée des maisons closes, avant que celles-ci ne soient définitivement interdites en France en 1946. On suit, pas à pas, la vie à l’intérieur des murs de cette maison, au sein duquel se côtoie une dizaine de filles de joies.


            Bertrand Bonello avait sous sa direction un casting où figurent tous les espoirs féminins, on ne citera que Hafsia Herzi (La Graine et le mulet), Céline Sallette également au casting du nouveau film de Philippe Garrel et remarquée dans la série l’Ecole du Pouvoir, Adèle Haenel, la Floriane de la Naissance des pieuvres, et pour finir la sublime Jasmine Trinca, actrice italienne, vu précédemment dans Nos plu belles années, La chambre du fils ou encore Romanzo Criminale, et qui n’a plus rien à prouver dans le monde du cinéma.

Le tour de main du réalisateur, est aussi dans la présence de nombreux réalisateurs, clients de la maison, dont Xavier Beauvois, qui interpelle après son sublime Des Hommes et des Dieux.

On retrouve cette façon de filmer, si près des corps, qui n’empêche pas d’apercevoir les imperfections, les angoisses et les peurs des prostitués. La photographie est digne des ambiances du XIXe siècle. L’esthétique du film donne l’impression d’être revenu à ces temps bénis du début du siècle, parfois même l’impression dérangeante de suivre un docu-fiction.

La mise en scène est convaincante, la bande-son décalée pour l’époque colle parfaitement avec l’ambiance feutrée et intimiste de ce film. Pourtant, si c’est sans doutes le meilleur film de Bertrand Bonello, celui-ci souffre de défauts communs à tous réalisateurs voulant trop bien faire. Il vous faudra patienter deux heures avant d’émerger des méandres de la maison close.

En se passant de toute trame émotionnelle, Bonello ne nous permet pas l’attachement nécessaire aux actrices, qui font de leur mieux pour rendre vivante cette prison. La série Maison Close, de Canal +, apparaît, dès lors, plus aboutie. En s’éloignant de l’érotisme, il signe pourtant un film poétique et éblouissant.

Peut-on y voir un sujet d’actualité, sur la réouverture des maisons closes en France, comme le suggère la dernière image du film. Car, en suivant les étapes nécessaire à la vie des filles au sein de la maison, Bertrand Bonello rappel les avantages qu’avait ce genre d’institution, mais aussi certains de ses défauts. 



Vincent L.


mardi 20 septembre 2011

La guerre est déclarée




 Valérie Donzelli a une réelle force dans la réalisation, elle met en image son propre vécu. Après La Reine des pommes, film tiré de sa rupture avec Jérémie Elkaïm, elle revient avec La Guerres est déclarée.

Quand Juliette (Valérie Donzelli) rencontre Roméo (Jémérie Elkaïm), c’est le coup de foudre immédiat. De leur union va naître Adam. Il apparaît vite que celui-ci est atteint d’un cancer au cerveau. Un dur combat, au cours duquel, leur amour va être mis à rude épreuve.



Si ce film est bien autobiographique, la réalisation et la mise en scène laisse planer un ton bien loin de ce genre d’oeuvre. On se demanderait même si on n’est pas en train de regarder un docu-fiction. Cela tient sûrement au fait que le film a entièrement été réalisé avec un appareil photo : le Canon EOS 5D Mark II, dont la nouvelle génération s’est emparée pour tourner ses films.

Sans tomber dans le larmoyant, on passe par tous les états : le rire, les larmes, l’angoisse et l’espoir. Jamais en manque de rythme, ce film est à la fois touchant et plein de vie. Bien loin d'une oeuvre voyeuriste, ni narcissique, la réalisatrice met en images son histoire avec beaucoup de réalisme. Et cela paie car on accroche vite avec leur destiné.

Valérie Donzelli a sans doutes réalisé le film de cette rentrée 2011. De là à ce qu’il représente la France aux Oscars, on en est moins sûr. Malheureusement pour nous, les très attendus Polisse et The Artist sont hors délais pour être sélectionnés pour les Oscars 2011(la sélection se fait sur les films français sortis entre le 30 septembre 2010 et le 30 septembre 2011).

Car si  il est sûrement un digne représentant français, la musique est trop typée bobo parisienne et les acteurs, qui nous rappellent que la presse people existe, sont parfois brouillon, en manque de complicité, ou l’émotion n’est plus depuis leur séparation. Un film inégal et acidulé.




 Vincent L.


mercredi 14 septembre 2011

Habemus Papam

           Le trublion du cinéma italien, Nanni Moretti, nous est revenu cette année 2011, avec un film plutôt original, Habemus Papam.
L’histoire saugrenue d’un cardinal (Michel Piccoli), fraîchement élu Pape, mais qui se refuse à assumer sa fonction. On fait alors appel à un psychologue (Nanni Moretti) pour le remettre dans le droit chemin.


            Réalisateur émérite (La Chambre du fils, Le caïman), acteur confirmé (Caos Calmo, La Chambre du fils), Nanni Moretti représente cette nouvelle génération du cinéma italien, bien loin des néoréalistes. Si Moretti n’a pas voulu réitérer son genre, c’est peut-être la son erreur, évitant de tomber dans le questionnement psychologie, voir ici théologique, ou pire la satire, il ne parvient pas à insuffler à son film un véritable pouvoir comique.

            Ce film souffre surtout de longueurs inutiles et en perte de vitesse, (pour tout vous avouer je me suis même un peu endormi). Les deux mondes que tout opposent : Le Vatican découvert par le psy et le Monde réel par le Pape, provoquent une fracture dans le film. La partie au Vatican laisse même place à des scènes grotesques, alors que l’on voit errer le Pape dans Rome, sans que son histoire n’amène le moindre soubresaut. 


            Malgré quelques pointes d’humour bien senties, seul Michel Piccoli tire son épingle du jeu. Émouvant, il interprète parfaitement l’innocence de se futur Pape perdu face à son destin.

            Si la légèreté était de mise dans cette histoire, elle n’est pas aboutie. Traiter ainsi un sujet aussi sérieux, avait de quoi plaire, mais les défauts du scénario et de la mise en scène gâche le film.

            A la sortie du cinéma seule une phrase interpelle réellement, «j’ai aimé ce film, en plus j’adore les vieux, ils sont vraiment touchants ».  La clé est peut-être là, un film pour retraités, au risque qu’ils s’endorment pendant la projection.



Vincent L.



mardi 6 septembre 2011

Cyrano de Bergerac

1990 restera comme une année faste pour le cinéma, Danse avec les Loups, Maman j’ai raté l’avion, Ghost, Sailor et Lula, Les Affranchis, Le cercle des poètes disparus et tant d’autres… Un film pourtant va marquer de son empreinte le cinéma.

Jean-Paul Rappeneau (Le Hussard sur le toi et Bon Voyage) tenta un pari risqué, adapter au cinéma l’œuvre d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Tombée dans le domaine public, il lui était aisé de l’adapter à sa guise. Une réalisation fidèle, osée et réussie.

Les décors, les costumes, l’ambiance, la mise en scène, tout, absolument tout, sert ce film de capes et d’épées. Une épopée de deux heures, haletante, qui vous laisse en émois face au destin de Cyrano (Gérard Depardieu) amoureux de la belle Roxanne (Anne Brochet), qui elle, ne veut que le beau Christian (Vincent Pérez). Ce dernier, ignorant ce que ressent Cyrano, lui demande de l’aide pour séduire Roxanne. Un triangle amoureux, sur fond de XVIIe siècle.


            Il fallait à Jean-Paul Rappeneau un acteur capable de laisser s’envoler le vers et de tenir ce rôle physique. Une évidence s’imposait alors, Gérard Depardieu, le seul acteur disposant d’une polyvalence sans faille. Le César et le Prix d’interprétation masculine à Cannes en 1990 ne lui ont pas donné tort. Pour la première fois, il est impossible de distinguer Cyrano de Depardieu, car l’acteur habite véritablement le personnage.

Gérard Dépardieu y réalise une interprétation toute en finesse et en justesse. Jacques Weber (le Compte de Guiche dans le film) et Jean Marais s’étaient essayés, avant lui, avec beaucoup moins d’aisance, à ce personnages, librement inspiré de Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac.

Une prestation de haut-vol. Gérard Depardieu transcende le personnage de Cyrano. Il nous captive plus que le film lui-même. C’est le rôle dont tout acteur rêve, le rôle de toute une vie. Il n'a d'ailleurs, selon mon avis, plus était capable de tenir un rôle correct depuis lors, comme si Cyrano hantait ses nuits. Il lui restera quand même de ce film, le panache. 


Vincent L.


Cyrano de Bergerac par G. Depardieu - Tirade des... par 4contreADP