lundi 27 juin 2011

Défense Bancale

            Brad Furman tentait un pari peu audacieux pour son deuxième film, The Lincoln Lawyer (2011), une adaptation du roman éponyme de Michael Connelly, un best-seller. Le succès devait être au rendez-vous. Les critiques sont bonnes, dithyrambiques, parfois.

            On s’attarde sur le retour (en grâce ?) de  Matthew McConaughey, qui ne fait plus uniquement figure de playboy abonné aux navets. Matthew est aussi un comédien, bon qui plus est. On aimerait s’en réjouir. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de le voir à nouveau endosser le rôle d’un avocat, rôle qu’il avait joué à la perfection, il y a 15 ans de cela, dans A Time To Kill (1996). Un rôle qui l’avait fait connaître et qui l’avait couronné d’un award. C’est d’ailleurs en cela que naît le premier problème de The Lincoln Lawyer, cette inévitable comparaison avec cette première adaptation. Le sujet n’est pas le même évidemment, mais il y a néanmoins de fortes ressemblances, sauf que le premier en date fut excellent, le deuxième l’est beaucoup moins, la différence de qualité est sans équivoque.
           
            L’intrigue aurait pu être palpitante. Mickey Haller (Matthew McConaughey) est un avocat doué, dont les méthodes sont parfois à la limite de l’illégalité. Mais une chose ne peut lui être reprochée, il aime son métier et défend ses clients, quoiqu’il arrive. Mickey se bat pour la justice. Habitué à défendre des dealers et autres petits malfrats, il obtient une affaire en or, celle d’un fils à Papa richissime, accusé de viols et qui clame son innocence avec une volonté d’aplomb. Comme à son habitude, Mickey va défendre son client. Et cela, même s’il n’est pas convaincu de son innocence.

            Le problème du film réside surtout dans sa construction. A croire que le réalisateur a voulu s’inspirer grandement de la méthode du romancier qu’il adapte, ne pas avoir de plan, ni de patron. Et bien, il n’aurait clairement pas dû, car il est difficile d’aborder un sujet aussi minutieux, détaillé et complexe que le droit et la justice en général, en étant aussi laxiste et aussi peu regardant sur toutes les règles déontologiques qui la composent. The Lincoln Lawyer n’aborde pas la justice, il la saborde.

C’est là toute la différence avec A Time To Kill, qui évite de se lancer dans le droit à proprement parler et se contente d’aborder l’aspect humain et philosophique de la vengeance et de la peine de mort. La thèse était discutable mais là, avec The Lincoln Lawyer, il n’a même plus de quoi discuter. Les avocats américains ou français ne s’y tromperont pas, on les fait passer pour véreux, parfois, et pour des cons, surtout. En entrant dans le détail des procès, le film ne fait que s’enliser inextricablement dans les abysses d’une institution dont il méconnait tous les rouages, les codes, les règles. Ce n’était peut-être pas l’objet du film à l’origine, mais cela en discrédite tout son contenu. Si seulement l’aspect déontologique du secret professionnel avait été plus approfondi, on aurait peut-être pu émettre l’idée d’un bon film, mais il n’en est vraiment rien. Le réalisateur fait figure de peintre qui s’emmêle les pinceaux. Et le spectateur pâtira grandement du manque de cohérence.

Ironie du sort, l’histoire ressemble fortement, du moins dans l’idée de départ, à une affaire récente, et à en croire le film, Madame Diallo n’a qu’à bien se tenir.

Bref, un film divertissant, mais surtout bancal dans sa démonstration et sa conclusion. On espérait un bon film, c’était déjà trop demandé.

            Diego C.

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