jeudi 28 avril 2011

On a fait pire que William Leymergie




          Ce film aurait pu être la sympathique comédie de 2011. Il n’en est rien. L’idée d’un Télématin à la sauce américaine ne prend pas. Et ce malgré un casting alléchant, avec Harrisson ford, Diane Keaton, Rachel McAdams, Jeff Goldblum et Patrick Wilson. On attendait sûrement plus du réalisateur de Coup de Foudre à Notting Hill, Roger Michell.




              Becky Fuller (Rachel McAdams) fraîchement nommée productrice d’une matinale à IBS, en perte de vitesse, tente de relancer l’audience, en engageant notamment le légendaire Mike Pomeroy (Harrisson Ford), un irascible présentateur au bord de la retraite.

          Si cependant vous rechercher l’effet d’une comédie américaine, un simple divertissement (à un prix prohibitif), Morning Glory vous satisfera amplement.  Seulement tout manque dans cette comédie. Les relations entre Diane Keaton et Harrisson Ford, malgré quelques phrases assassines bien placées, auraient mérité plus de développement. On ne vous parlera même pas des relations  fleurs bleues entre Rachel McAdams, Harrisson Ford et Patrick Wilson.

            On attendait mieux d’un Harrisson Ford, qui n’a pas la carrure d’un Bruce Willis pour jouer un vieux bougon à la retraite. Une des très grande déception de ce film, ou il surjoue un personnage qui aurait peut être pu relancer sa carrière. Lui qui n’a pas fait un film honnête depuis 2002 et K19 le piège des profondeurs. On craint d'ailleurs le pire avec son nouveau rôle dans Cowboys et Envahisseurs (sortie prévue en août 2011).

               Il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film sorte enfin de sa léthargie comique. Trop tard pour cacher les manques du scénario. Il a pourtant le mérite de dépeindre avec une certaine véracité le monde cruel et égocentrique du petit écran.  


Vincent L.


mercredi 27 avril 2011

Inclassable Jim Jarmusch

(Jim Jarmusch)

        Son prénom, tiré d’un film de Truffaut, le prédestinait déjà à une grande carrière. Pourtant celle-ci ne comporte qu’une quinzaine de long-métrages, tous plus marquants les un que les autres.
           
        Si il dépeint l’Amérique comme personne, il est resté marqué par son assiduité à la cinémathèque parisienne, qui le fit rentrer dans le monde du cinéma et auquel il n’hésite pas à rendre hommage dans ses films. Comme ce fut le cas dans Ghost Dog, la voie du samouraï (en 1999, avec Forest Whitaker, traçant le portrait d’un tueur à gages vivant selon le Code des Samouraïs), adapté du film de Jean-Pierre Melville, Le Samouraï.

Rendant au noir et blanc ses couleurs d’antan, dont il s’est fait une spécialité, ses films impressionnent par leur étrangeté. Ses personnages sont désabusés, souvent tiraillés par une double culture, mais ils sont avant tout des anti-héros. D’abord avec Stranger than paradise (1984) puis Down by Law (1986), dans lequel Roberto Benigni, Tom Waits et John Lurie forment un improbable trio de tôlards.

(John Lurie, Roberto Benigni et Tom Waits)

Peu récompensé, ses films font pourtant l’unanimité. Revenu à la couleur avec Mystery Train, morceau popularisé par Elvis, dont ses trois histoires se déroulent à Memphis. Puis un improbable western en 1995, Dead Man, avec Johnny Depp, en hommage au poète William Blake, sur lequel Neil Young a posé la bande originale lorsque Jarmusch lui présenta le film. Et enfin Broken Flowers en 2005, avec Bill Murray, road-movie sur un homme aux mille conquêtes, partant à la recherche d’un fils dont il ne connaît rien.


Ses amis, Tom Waits, Igy Pop et John Lurie sont partis intégrante de ses films, comme acteurs et interprètes. Il a une faculté à jouer avec la musique comme aucun réalisateur ne l’a fait avant lui. Elle sert l’intemporalité de ses films et ses personnages si énigmatiques. En 2002, revenu au noir et blanc, sort Coffee and Cigarettes, montages de plusieurs courts-métrages avec de nombreuses stars (on ne citera que Les White Stripes, Roberto Benigni, Bill Murray, Cate Blanchett ou encore Steve Buscemi). Ce film d'amis, discutant de tout et de rien, autour d'un café et d'une cloppe rappel l'essentiel de Jarmusch: un univers impitoyable, fait de marginaux, parfois solitaires autour de deux cultures: américaine et européenne. 

(GZA, RZA du Wu Tang et Bill Murray dans un des courts-métrages de Coffee And Cigarettes)

Souvent comparé à un réalisateur indépendant, du fait de sa totale liberté dans l'ensemble du film, Jim Jarmusch nous laisse surtout tirer nos propres conclusions. Ce fan de Buster Keaton, est un réalisateur en perpétuel quête d'identité et de spiritualité. Si certains de ses films rebutent le grand public, n’hésitez pas à rentrer dans son univers désenchanté.


Vincent L.

mercredi 20 avril 2011

La guerre selon Schoendoerffer

(Pierre Schoendoerffer en Indochine)

Pierre Schoendoerffer est probablement l’un des réalisateurs les plus méconnu en France. Il est pourtant celui qui a dépeint le mieux l’armée française et ses engagements dans les guerres coloniales. Amateurs de films du type Il faut sauver le soldat Ryan ou Windtalkers, messagers du vent, passé votre chemin. Il rend à la guerre une dimension réelle.

Avant la réalisation, il s’engage au service cinématographique de l’armée. Fait prisonnier à Dien Bien Phu, il décide de rester en Asie après sa libération, comme photographe-reporter.

La réalisation du film La 317ème Section (tiré de son roman du même nom) va l’imposer en France. On peut estimer que ce film est le premier des films de guerre français. Il narre la fuite en avant d’une section de l’armée française, dans le nord de l’Indochine, au moment même de la défaite de Dien Bien Phu. Ce film réunit ses deux acteurs fétiches, qu’il retrouvera plus tard : Jacques Perrin et Bruno Cremer.

(Bruno Cremer et Jacques Perrin dans La 317ème Section)
La reconnaissance internationale va venir de son documentaire La Section Anderson, pour lequel il obtiendra l’Oscar du meilleur documentaire. Il a ainsi suivi pendant 6 semaines, la section du Lieutenant Anderson au Vietnam.

Ce membre de l’Académie des beaux-arts a réussi, au cours de ces différents films et documentaires, à rendre l’ambiance de la guerre. Ses expériences du combat, ainsi que son métier de Journaliste durant la guerre d’Algérie vont lui permettre de réaliser des films authentiques et prenants. En 1977 sort le Crabe-Tambour (adapté d’un de ses romans) avec Jacques Perrin et Jean Rochefort. Ce film romance l’histoire vrai du Commandant Pierre Guillaume, membre de l’OAS et putschiste d’Alger. Suivra en 1982, L’Honneur d’un Capitaine, au cours d’un procès en diffamation d’un journaliste à propos d’un Capitaine durant la guerre d’Algérie, se remémorant ainsi les actions de celui-ci.

Son film le plus aboutit reste Dien Bien Phu, film racontant la chute du camp retranché. Symphonie guerrière sur le magnifique morceau de Georges Delerue «Le Concerto de l’Adieu», un hymne prémonitoire. Nul autre que lui-même ne pouvait réaliser ce film, après avoir assisté à la défaite, la souffrance des camps et le retour à la réalité, abandonné de tous. L’ensemble du film est basé sur des faits et des personnages qui ont réellement existé. Un film presque autobiographique, imprégné  de ses souvenirs du conflit. Son fils joue d’ailleurs son propre rôle, caméraman pour l’armée. Il rappel surtout que l’héroïsme prend naissance aux heures les plus graves

Sans tomber dans la facilité, Schoendoerffer ne cherche pas la critique du commandement. Exit le patriotisme franchouillard. Attaché à une France d’un autre temps, colonial et militaire, il démontre le rôle des soldats, leurs peurs, leurs angoisses et leur rôle parfois absurde. Ses films sont prenants, haletants, tournés de façon quasi-documentaire, avec une très grande pudeur, pour ses camarades disparus. Il nous livre de véritables épopées, animées d’humanité et d’amitié. 



Vincent L.






Dien Bien Phu (Schoendoerffer) par henrisalvador

lundi 18 avril 2011

L'Aventure sera toujours l'aventure



      Si Claude Lelouch n’est pas le grand réalisateur qu’on escompte, il a tout de même réalisé l’inoubliable Un Homme et Une femme, un autre de ses films impose ces quelques lignes.

            L’Aventure c’est l’aventure.  Un film de potes, servit par un casting 5 étoiles : Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Charles Gérard, Aldo Maccione. Le quintet formé, en avant la balade.


            Des truands de seconde classe envisagent autrement leur métier. La politique, voilà la solution à leurs méfaits. Avec comme but «La carté dans la confusion», nos cinq amis vont se spécialiser dans la truanderie politique, sans vraiment avoir de revendications.

           Ce film, prenant le contre-pied post soixante-huitard, respire la bonne humeur et l’humour décomplexé. A l’image de cette scène dans la cuisine, autour d’un bon plat de pattes, façon la cuisine dans Les Tontons flingueurs, nos truands vont se perdre dans les nouveaux courants politiques. Amenant même Brel, un peu plus tard, a déclaré «Vive la Suisse Libre !».

        De nombreux Guests sont également dans le film, comme Johnny Hallyday, qui signe la B.O, l’Aventure c’est l’aventure, et également son propre enlèvement dans le film. Thierry Lhermitte, en caissier de banque, Elie Chouraqui en révolutionnaire et Michel Drucker dans son propre rôle, figurent également au casting.

            La méthode Lelouch fait ici effet, laisser ses acteurs improviser autour d’une trame simpliste. Parfois en manque de rythme, ce film subversif et cynique, ainsi que la complicité de nos cinq acteurs, ne laissera personnes indifférents. Ils cachent ainsi les manques du scénario et de la mise en scène. 

On attend, avec plus ou moins d’impatience, Le chemin de l’Orgueil, pas vraiment une suite, mais «une fable immoral sur les jeune cons et les vieux cons» (interview de Claude Lelouch pour Allocine.fr).




Vincent L.



L'aventure c'est l'aventure (bande-annonce) par lesfilms13

jeudi 14 avril 2011

Avant Matrix


Les frères Wachowski ont réalisé très peu de films. Evidemment, ils ont réalisé la trilogie Matrix. Trilogie qui les fit connaître au monde et les installa en tête du box office mondial pendant plusieurs mois. Trilogie qui les rangera probablement comme pilier de l’univers cinématographique jusqu’à la fin de leurs jours. Trilogie qui n’a pourtant d’intérêt que sa première partie. Suffisante néanmoins pour les classer « incontournables ».
Mais là encore, à l’instar de beaucoup d’autres, ce n’est heureusement pas de Matrix dont il faut parler, lorsqu’on aborde la filmographie de la fraternité Wachowski. Parce qu’il y a évidemment bien mieux, un peu plus tôt.
Un peu plus tôt, il y a Bound (1996). L’histoire de deux lesbiennes échafaudant un plan rusé pour leurrer et piller la mafia.
(Jennifer Tilly et Gina Gershon)

Loin des effets spéciaux qui nourriront leurs œuvres par la suite, les frères Wachowski plongent le spectateur dans un thriller noir épatant et palpitant. Le scénario y est ficelé à la perfection.
Le film se déroule pratiquement exclusivement dans un seul endroit, afin d’alimenter la claustrophobie du spectateur. Tourné en un mois et demi, le film puise toute sa superbe dans ses scènes sexuelles qui allient pudeur et sensualité, avec virtuosité. Il faut dire que de sexe, les frères Wachowski en sont friands et l’idée de faire appel à une éducatrice sexuelle pour entraîner les deux protagonistes, Jennifer Tilly et Gina Gershon, va de soi. Tourner ces scènes en une seule prise aussi, histoire d’être le plus authentique possible.
Adulée par la critique gay, abhorrée par la critique conservatrice, le film n’a pourtant pas vocation à défendre une quelconque cause. Les frères Wachowski l’ont toujours réfuté. Pour eux, l’homosexualité des deux femmes n’est qu’un pan du film, celui qui permet d’en retirer toute son essence, la violence féminine et la sensualité. Et honnêtement, les frères Wachowski ont plus que réussi !
En tout cas, les frangins ne sont pas prêts d’en découdre avec leurs détracteurs, puisqu’ils ont dévoilé le synopsis de leur prochain film. Un film sur la guerre en Irak, un énième. Avec toutefois une petite différence qui risque d’être de taille. Le film se rapprocherait davantage des racines de Bound puisqu’il s’agirait de la relation torride entre un soldat américain et un irakien. De quoi encore en faire jaser et sustenter mon impatience.


Diego C.



mardi 12 avril 2011

Adieu Sidney !




Encore un artiste qui laisse à la postérité, un héritage des plus riches et des plus fascinants du septième art. Sidney Lumet nous a, tout juste, quittés. Il aura vécu 87 ans. 87 ans voués au cinéma. 87 ans pour réaliser près de 50 films qui resteront pour certains éternels, 12 hommes en colère en figure de proue.
Le problème de Sidney est en somme un problème de riche. Il faut dire que lorsqu’on débute la réalisation par un chef d’œuvre (12 hommes en colère, 1957), celui-ci occulte facilement les 49 autres œuvres qui nourrissent une filmographie épatante. Difficile de passer outre l’incontournable !
Et pourtant, Sidney Lumet n’en reste pas moins l’un des réalisateurs les plus prolifiques de notre cinéma moderne. 49, le nombre de citations qu’a obtenu l’ensemble des films qu’il a réalisés. Il n’obtiendra pourtant qu’un oscar, un oscar d’honneur en 2005, histoire de dire « On t’a pas oublié Sidney, t’es un bon ».
Engagé, lettré et surdoué, Lumet puise son inspiration d’un des thèmes philosophiques aussi variés que l’homme, la justice, la violence, le mal, l’amour, la liberté ou le bonheur. Mais, c’est surtout à travers la source même du cinéma, le théâtre, que Sidney tirera son incommensurable talent. Le théâtre, là où commença sa jeune carrière. Là où éclora sa passion. Il adaptera d’ailleurs grand nombre de pièces sur grand écran.
(12 hommes en colère)

Sans jamais rentrer dans un sentimentalisme mielleux et suranné, ces films sont feutrés d’une réalité parfois acerbe, tout simplement parce que beaucoup sont inspirés d’histoires vraies.
Non, on ne t’a pas oublié Sidney et il sera difficile de faire autrement ! Et si l’on est en droit de se demander si les multiples classements des « plus grands films du monde », menés par Allociné, IMDB et autres consorts, jouissent d’une quelconque valeur, il devient tout de même embarrassant de nier l’évidence. A chaque fois, ton premier film est systématiquement cité parmi les plus grands. A croire que la messe était déjà dite, depuis 1957, de quoi reposer en paix.


Diego C.

Histoire de ne pas mourir idiot :
12 angry men (1957)
The Pawnbroker (1964)
The Hill (1965)
Serpico (1973)
Dog Day Afternoon (1975)
Network (1976)
Prince of the City (1981)
Before the devil knows you’re dead (2007)

lundi 11 avril 2011

Plus jamais ça !



        Alors que des évènements tragiques se produisent actuellement en Côte d’Ivoire et dans le pays d’Afrique du Nord, nous vous proposons de redécouvrir quelques films, concernant des histoires vraies ou faits réels qui se sont produits au cours de conflits génocidaires, marquants par les atrocités et les massacres commis.

            Hotel Rwanda (2005), ce film retrace l’histoire vraie de Paul Ruseabagina, qui, alors directeur de l’hôtel des Mille Collines, a sauvé la vie de milliers de personnes du génocide par sa persévérance et son abnégation. C’est sans doute le film le plus abouti, même si il souffre de certains inexactitudes quand aux évènements relatés. Servi par un casting impressionnant, Jean Reno, Nick Nolt et Don Cheadle. Et Million Voices, magnifique Bande-original de Wyclef Jean.

(Paul Ruseabagina)


            La Déchirure (1984, The killing Fields) se déroule au Cambodge. Alors que Phnom Penh est évacuée par les américains, Sidney Schanberg (Sam Waterston) et son assistant Dith Pran (Haing S. Nor), tous deux journalistes, décident de couvrir la prise de la Capitale par les Khmers rouges. Avec également au casting John Malkovitch. 

(Dith Pran et Sidney Schanberg)

            Shooting Dogs (2005) relate, au travers de Joe Connor un instituteur anglais à l’Ecole Technique Officielle de Kigali, le massacre Rwandais et celui de près des 2000 Tutsis réfugiés dans cette école. De nombreux survivants apparaissent au casting de ce film.

            Opération Turquoise (2007), du nom de la mission de l’armée française au Rwanda près de deux mois après le début du génocide. Ce film traite de l'ambiguïté de l'armée française, au travers des yeux des soldats français. Évitant l'écueil d'accusations non-fondées, ce film retrace, d'après les témoignages de soldats, les évènements marquants lors de cette mission.
Elle était officiellement de « contribuer de manière impartiale à la sécurité et à la protection des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda ». Ce film pose la controverse. Une action judiciaire est actuellement en cours en France pour déterminer la responsabilité de l’armée française de certaines actions (notamment lors du massacre de Bisesero) lors de cette mission.

            Il fut un temps où l’on disait « plus jamais ça ». Pourtant depuis la Shoah, les massacres de masses ne se sont pas arrêtés. Certains restent controversés du fait de la définition donnée par l’ONU d’un génocide. D'autres pâtissent de cette non-qualification.

            Ces films imposent un devoir de mémoire et l'espoir qu'un jour l'humanitaire prenne le pas sur le politique. Ils sont marquants par l’intensité des évènements relatés. Il est impossible après leur visionnage de ne pas avoir ce sentiment d’injustice et de malaise face à l’incapacité des Nations à empêcher la folie des hommes.


Vincent L.


A voir également :    

                           - sur la Shoah: La liste de Schindler (l'histoire d'Oskar Schindler qui empêcha le massacre de nombreux juifs, réalisé par Steven Spielberg) et Amen (2001, de Costa-Gavras, sur l'attentisme du Vatican face aux nazis) 

     - sur le conflit Israélo-Palestinien: To shoot an elephant (documentaire réalisé par Alberto Ace sur le blocus de la bande de Gaza)

     -  Johnny Mad Dog (2008 sur les enfants-soldats au Libéria)

     - sur le génocide rwandais: Tuez les Tous (documentaire sur les évènements du génocide) et Sometimes in april.

jeudi 7 avril 2011

Allons à l'échec !

         Voilà un film culte que beaucoup ne connaisse sûrement pas. Six ans après la séparation des Nuls, Dominique Farrugia, alors PDG de la chaîne Comédie !,  a réalisé une perle rare, La Stratégie de l’échec.

Tourné sous forme de documentaire, avec plusieurs sketchs, Luc (Jean-Paul Rouve) et Luc (Maurice Barthélémy) vous apprendrons comment aller à l’échec en entreprise. Des situations cocasses, inattendues, alliant l’humour de son trio passé et de la nouvelle génération, avec au casting une partie des Robins des Bois.

(Luc, Maurice Barthélémy et Luc, Jean-Paul Rouve)
Farrugia résume intelligemment ce film : «Mes diverses expériences dans le domaine de l’échec m’ont permis de mettre en lumière des domaines spécifiques dans lesquels il est crucial de se désorganiser et reconnaître les étapes à franchir pour aboutir à une gestion inefficace… Cette phrase est totalement incompréhensible. C’est normal. Plus les phrases sont longues, moins on les comprend. C’est la stratégie de l’échec. Pour nous aider à comprendre l’échec et illustrer cette vidéo, nous aurons besoin de deux hommes que nous appellerons Luc pour plus d’incompréhension. Il nous faudra aussi une femme que nous appellerons Sylvie pour des questions d’hygiène».
           
            Ce film affiche un humour insolent et décalé. Des répliques cultes, que beaucoup n’envisageraient pas un seul instant à prononcer. Un seul objectif : l’échec. Digne de C’est arrivé près de chez vous, Farrugia fustige un système entrepreneurial rébarbatif et  ennuyeux. Malheureusement le plaisir ne durera qu’une petite heure.
            


Vincent L.

mardi 5 avril 2011

Les ailes de l'enfer de Nicolas Cage



A l’image de ses personnages, Nicolas Cage poursuit sa rapide descente aux enfers.

« Vous ne me verrez plus dans des films destinés à gagner des Oscars » déclarait-il à Paris Match. On comprend pourquoi ! Ghost Rider et sa suite, Bangkok Dangerous, Le Dernier des Templiers, Next et le dernier en date Hell Driver, autant de bouses cinématographiques.


S’il est vrai que le neveu de Francis Ford Coppola, Nicholas Coppola doit au fisc, depuis 2009, près de 14 millions de dollars, cela justifie t-il sa participation à des films qui entreront dans l’histoire pour leur désintérêt ?

            Il est loin le temps où il imposait sa gouaille dans des films de qualités, sombres et intenses. On ne citera que : Sailor et Lula, Leaving las Vegas (pour lequel il a reçu l’Oscar du Meilleur acteur), 8mm et Lord of War.

« Au début de ma carrière, le cinéma était un exutoire et je choisissais des rôles à fleur de peau. Ensuite, j’ai eu une approche plus ­intello et introspective. Maintenant, je suis en paix avec moi-même et je m’épanouis à travers des films gentiment subversifs où je peux m’exprimer sans qu’un “auteur” condescendant m’explique comment faire mon métier » (interview à lire dans Paris Match). Personnellement il aurait peut être mieux valu pour lui.

            Il est aujourd’hui la figure emblématique du cinéma d’action Hollywoodien. Et si son épanouissement passe par des films inintéressants, pauvres et désœuvrés, c'est bien dommage. Une fin de carrière qui se passe de commentaires. 


Vincent L.



vendredi 1 avril 2011

Bad Lieutenant



Il est difficile de faire d’un défaut ou d’un vice, un objet culte. Un objet artistique. Probablement parce qu’une telle démarche nécessite un recul atypique et une lucidité franche. Et, qui ne serait pas dégoûté de voir son portrait dépeint sous ses traits les plus obscurs parce que les plus authentiques !

Au cinéma, un acteur et un réalisateur se sont prêtés au jeu, Harvey Keitel et Abel Ferrara. La tâche n’était pas aisée quand on connaît l’assuétude qui les avilissait.

Bad Lieutenant (1993) est l’histoire d’un flic corrompu, qui accumule les dettes et tente d’assouvir ses appétences perverses par le sexe ou la drogue. En enquêtant sur le viol d’une nonne dont la tête des agresseurs est mise à prix, le Lieutenant y voit une bonne occasion de se racheter. Mais, la drogue aura probablement raison de sa volonté.

(Harvey Keitel)

Bad Lieutenant n’est pas simplement un film comme les autres. Il n’est pas un policier étouffant, sombre et malsain. Ou du moins, il l’est, mais alors il n’est pas seulement un film. Il est une autobiographie.

Parce qu’Abel Ferrera et Harvey Keitel sont tous deux drogués jusqu’à la moelle lorsqu’ils réalisent le film. Parce qu’ils sont tous deux alcooliques et dépravés et parce que chaque prise de drogue dans le film est authentique et a vraiment été ingurgitée par l’acteur, alors oui, Bad Lieutenant est bien plus qu’un film, c’est une catharsis.

La ville de New-York y est présentée sous traits les plus obscènes. On ne la reconnaît pas. Seuls les proxénètes, prostitués, drogués et mécréants en hantent les rues le soir. Un peu exagéré me direz-vous. Pas tant que ça pourtant. Le panoramique qu’offre Abel Ferrara des rues new-yorkaises est d’une rare intensité, d’une authenticité saisissante, tout simplement parce qu’il filme un univers qu’il connaît sur les doigts de la main. Un univers qui a des allures de descente aux enfers dans les abîmes les plus sordides qu’un homme puisse connaître.

Parce qu’Abel Ferrara ne filme pas Harvey Keitel en tant qu’acteur mais en tant qu’homme. Un homme rongé par la solitude et qui n’a pas de nom (à aucun moment le nom du personnage d’Harvey Keitel est cité dans le film), un homme qu’il filme dans un univers familier et côtoyé. Il n’est pas étonnant que ce soit même la propre fille d’Harvey qui joue le rôle de la fille du lieutenant. Pour se rapprocher davantage encore de ce qu’est sa réalité.

Jack London avait déjà entrepris cette démarche en décrivant l’alcoolique qu’il était dans John Barleycorn. A l’instar de ce livre, Bad Lieutenant fait aujourd’hui figure de chef d’œuvre. Mais, je pense sincèrement qu’il s’agissait davantage, dans les deux cas, d’un appel au secours.

« Bad Lieutenant est un film pour lequel j’ai la plus grande admiration. On y voit comment la ville peut réduire quelqu’un à néant et comment, en touchant le fond, on peut atteindre la grâce. C’est le film new-yorkais ultime » Martin Scorsese.

Diego C.