lundi 28 février 2011

Des Cérémonies sans saveurs


            On a suivi pour vous la Cérémonie des Césars et des Oscars. Le moins que l‘on puisse dire c’est que seuls les français ont, quelque peu, créé la surprise. Après une courte nuit, les Oscars nous sont apparus fades et sans saveurs. Dans tous les cas on ne s’était pas tellement trompé sur les prix.

            Si les Césars tant annoncés sont tombés: Meilleur film pour Des Hommes et des Dieux, Meilleur actrice pour Sara Forestier, surjoué consternant lors de la remise de son prix. La surprise est venue selon nous du César du Meilleur réalisateur pour Roman Polanski, sorte de pied de nez aux américains, oui, oui, parce que, chez nous, il a pu venir en personne chercher son prix sur scène. Une situation qui confirme la décadence d’une cérémonie qui a tout d’un cirque et ne récompense plus le cinéma mais, au contraire, ce qui n’en est pas. Xavier Beauvois pourra, de nouveau, noyer son chagrin dans l’alcool, se voyant sacrifier au profit de l’intérêt général (ou hexagonal devrait on dire). Merci les Césars ! Le fiasco était attendu, vous l’avez théâtralisé !

On se réjouira tout de même que  le cinéma français ait décidé de consacrer la nouvelle génération. L’inattendu émanant du César de Meilleur acteur pour l’outsider Eric Elmosino (Gainsbourg-Vie Héroïque). Pas de quoi nous réconforter pour autant !

Lonsdalle et Anne Alvaro ont enfin reçu ce César de Meilleur second rôle qu’ils méritent depuis longtemps. La touchante Leila Bekthi et le dur Edgar Ramirez finissent la liste des récompenses avec les Césars des Meilleurs espoirs. François Damiens confirme-lui ses espoirs comiques avec un discours désopilant lors de la remise du César du Meilleur court-métrage. Malgré quelques coups de génies, la cérémonie s’essouffle. Si Antoine De Caunes en reste le maître incontesté, il serait peut-être temps de passer la main.


            Les Oscars n’ont guère fait mieux. Succès annoncé, Le Discours d’un Roi (The King Speach) remporte quatre statuettes, Meilleur réalisateur pour Tom Hooper dont s’est seulement le troisième long métrage, après le remarqué The Damned United (2009), Meilleur film, Meilleur Acteur pour Collin Firth et Meilleur scénario original. Avec douze nominations le raz-de-marée annoncé ne s’est pas réellement produit.
The Social Network s’est vu remettre trois Oscars : meilleur montage, scénario adapté et musique. Inception de Christopher Nolan repart presque bredouille avec les oscars techniques : meilleur image, son, mixage et effets spéciaux. Fighter, avec comme second rôle Melissa Leo et Christian Bale, rafle les deux Oscars de cette même catégorie.


            On regrettera la légère lenteur de la cérémonie, heureusement que Gilles Lellouche et Jean-Paul Rouve étaient là pour égayer notre soirée. On oubliera pas papy Douglas qui du haut de ses 94 ans a été le seul à même de réjouir une assistance bien morne. Même la sublime Nathalie Portman a ralenti la cérémonie, où, en remportant l’Oscar pour la Meilleure actrice, a remercié la terre entière. C’est pourtant sur elle que nous nous arrêterons.

            Dans son discours, elle a notamment rendu hommage à Luc Besson pour son premier au rôle au cinéma dans Léon. Imaginez qu’entre 12 et 16 ans elle a déjà tourné avec les plus grands. Elle est, tour à tour, Mathilda l’apprentie de Jean Reno dans Léon, la belle-fille d’Al Pacino dans Heat et la fille du Président Jack Nicholson dans Mars Attack ! Sa carrière a démarré sur les chapeaux de roues, elle se poursuivra au théâtre. Puis elle reviendra au cinéma, sublime, en princesse Amidala dans la dernière trilogie Star Wars. Fragile dans Deux sœurs pour un roi au côté de Scarlett Johansson, envoutante dans Garden State, osée dans Closer, ces différents registres l’ont mené à la statuette la plus convoitée, l’Oscar de la Meilleure actrice pour son rôle de danseuse dans Black Swan. Rôle qu’elle épouse magistralement. Celle qui sera bientôt maman, a de nombreux talents, on l’a vu rapper, réalisatrice dans New York I Love You, son talent n’a d’égale que sa beauté et on aime ça. 




Diego C. et Vincent L.


Adieu Annie



     Lorsqu’en 2005 est sorti Je préfère qu’on reste amis, on imaginait pas que ce serait pour vous un film funeste. Vous y incarniez une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, dont vous êtes devenue le symbole. Et aujourd’hui tout le cinéma pleure votre disparition.

     Vous faisiez partie de cette génération talentueuse qu’a connu le cinéma français, sortie en 1956 du Conservatoire national d’art dramatique.  Dès lors vous êtes devenue un femme à double tranchant, pour le cinéma et le théâtre.
        
         C’est avec Visconti, dans Rocco et ses frères en 1960, que votre carrière cinématographique va véritablement commencer. Vous étiez surtout l’Actrice des années 70. On vous y retrouve dans Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause d’Audiard, La Zizanie de Claude Zidi, Dillinger est mort de Marco Ferreri, La Gifle avec Lino Ventura et Isablle Adjani. Malheureusement on ne vous n'avez jamais offert ce grand rôle.


     Vous incarniez ce cinéma populaire à la française, auquel toutes les femmes pouvaient s’identifier. Votre carrière ne fut pas toujours rose. La calomnie et les échecs professionnels des années 80 fit que le cinéma vous tourna le dos. Votre carrière ne s’arrêta pas pour autant. Elle fut couronnée par deux Molières, un César de Meilleur actrice en 1977 pour Docteur Françoise Gailland et deux Césars de Meilleur actrice dans un second rôle pour Le Pianiste et pour Les Misérables en 1996, pour lequel vous avez déclaré votre amour au cinéma français. Pour ce qui restera une des plus belles standing ovation et les plus beaux pleures de cette cérémonie.

     Pour conclure ces quelques lignes, Madame Girardot, vous allez manquer follement, éperdument, douloureusement au cinéma français et j’ose espérer que les témoignages de notre amour vous ferons entrer dans l’éternité.


Vincent L.

vendredi 25 février 2011

Love, sex et autres douaniers

     Aujourd’hui il pleut, alors que faire ? Plutôt que de rester chez soi, en zappant machinalement, dirigez-vous vers le cinéma le plus proche. Et comme votre esprit est embrumé suite à une rude semaine, la recherche de films devrait vous mener vers des films légers. On vous en propose trois : Rien à déclarer, Love and Oher Drugs et No Strings Attached (Sex Friends).

     Pour le premier passez votre chemin, si vous avez vu la bande-annonce, vous avez vu le film. Rien à déclarer, un film qui porte bien son nom. Dany Boon n’a pas réussi à insuffler assez de rythme à son film, la dernière scène, avec sa morale contre le racisme à la façon Plus-Belle la Vie, est tout simplement navrante.
           
     On s’attardera un peu plus sur ces comédies américaines. On manquera peut être d’objectivité étant donné que les sublimes Anne Hathaway et Nathalie Portman, chacune au casting d'un de ces deux films, ont fait le travail pour nous.



Love et autres drogues dépeint la relation compliquée mais pourtant simple entre Jamie (Jake Gyllenhaal), commercial dans l’industrie pharmaceutique, homme à femmes et Maggie, jouée par Anna Hathaway, atteinte de la maladie de Parkinson.

Sex Friends s’arrête sur les relations purement sexuelles que nouent Emma (Nathalie Portman) et Adam (Aston Kutcher). Mais qui avec le temps, vont évoluer vers ce à quoi ils ne tendaient pas.

Légèreté et banalité caractériseraient bien ces films. Sexualité en serait le maître-mot. Toutes les conventions des comédies américaines y sont respectées. Pourtant ces deux comédies concernent des sujets qui nous touchent ou pourraient nous toucher de près ou de loin. Sans arriver à la cheville d’un film comme A lot like love (7 ans de séduction), auquel Aston Kutcher avait déjà participé,  elles laissent un goût d’inattendu. Dans tous les cas légèrement mieux que leur compatriote français.



Vincent L.







jeudi 24 février 2011

Votre César du Meilleur film est attribué à ...

          Des Hommes et des Dieux. Le film de Xavier Beauvois, éliminé de la sélection pour l’Oscar du Meilleur film étranger, est largement favori. On imagine mal une autre issue que celle-ci. Se classent derrière L’Arnacoeur et Serge Gainsbourg (Une Vie héroïque).

            La bonne surprise est dans la nomination de deux comédies pour ce César, L’Arnacoeur et Le nom des gens. Le coup de gueule de Dany Boon aura peut être servi à quelque chose finalement. Les mauvaises surprises sont dans l’absence de La Veuve noire (Abdel Kéchiche), le magnifique Les petits mouchoirs et Carlos. Sans rentrer dans la polémique, il suffit simplement de se dire que le cru 2011 était de trop grande qualité.

            L’on retrouve deux nominés de cette catégorie dans celle du César pour le Meilleur premier film, L’Arnacoeur et Serge Gainsbourg (Vie Héroïque), favori à défaut de l’obtenir dans la première.

            
           Pour le César du meilleur film étranger, The Social Network 
devrait être plébiscité. Quoique Invictus et Dans ses yeux pourraient être les bonnes surprises étant donné que le parterre français est friand de ces films.



         Enfin pour le César du Meilleur documentaire, nous on a aimé Benda Bilili ! Reste dans cette catégorie : Cleveland Contre Wall Street de Jean-Stéphane Bron, Entre Nos Mains de Mariana Otero, 
Océans de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud 
Yves Saint Laurent - Pierre Bergé et 
L'amour Fou de Pierre Thoretton.

 

                        Voilà, on a fait le tour de l’ensemble des différentes catégories des Césars. Il ne vous reste plus qu’à, pour les non-fêtards, apprécier la Cérémonie, avec pour la septième fois Antoine de Caunes, Maître de cérémonie et Jodie Foster comme Présidente, au cours de laquelle Quentin Tarantino recevra un César d’Honneur.










Vincent L.

lundi 21 février 2011

La mode des thrillers psychologiques

Peu de mots peuvent résumer Stone. Ah si pardon, déroutant, ennuyeux… Nous ne lui consacrerons d’ailleurs pas beaucoup de notre temps. Sur le papier, ce film avait de quoi faire rêver. Malheureusement, ce serait plutôt 1h45 passé à se demander quelle raison nous avait poussé à voir ce film. Peut-être la présence de Robert de Niro, Milla Jovovitch et Edward Norton au casting. Pour le reste, une histoire qui manque sérieusement d’arguments, des dialogues lourds, une mise en scène complexe qui alourdissent un film qui n’en avait pas besoin.

Pour l’intrigue, ne cherchez pas, elle n’existe pas réellement. Jack Mabry (Robert de Niro), agent de probation, est chargé, à quelques jours de la retraite, du cas de Gerald Creeson, dit «Stone». Face au refus de Jack de croire les évolutions positives de Stone en prison, ce dernier charge sa séduisante petite amie, Lucetta (Milla Jovovitch), de séduire Jack pour faciliter sa sortie de prison.

 On attendait un face à face psychologique poignant entre de Niro et Norton. Et c’est plutôt un thriller insipide que nous livre  John Curran.

Préférez lui The Killer Inside Me, pour lequel Curran était d’ailleurs scénariste. Lou (Casey Affleck), shérif de sa ville, rencontre des problèmes avec les femmes mais également avec son métier. Mais il est surtout un tueur psychopathe et sanguinaire. Les soupçons commencent à se porter sur lui.

Certains trouveront ce film choquant, voir inutile. Mais contrairement à Stone, la complexité de The Killer Inside Me en fait un film prenant, ou le sulfureux Casey Affleck rend une copie presque parfaite. A noter la présence de Kate Udson, de la décevante Jessica Alba et pour les aficionados de The Mentalist, Simon Baker.


Vincent L.





samedi 19 février 2011

Les Compères

Voilà un titre bien connu du cinéma français. Mais pour vous, lecteurs, qui espériez entendre parler du film culte qui porte ce nom, je risque de vous décevoir.

                  C’est  davantage une autre complicité qui m’interpelle, une complicité dont on parle moins et surtout peu.

                  Peut-être parce que cette complicité est différente de la première, parce qu’elle se situe non plus seulement devant la caméra mais surtout derrière. Parce que cette complicité n’est plus seulement le résultat d’une réflexion et d’un script mais parce qu’elle en est justement la base.

                  A l’instar des frères Dardenne, cette complicité amène ces deux inséparables à réaliser des films d’une rare intensités où la misère sociale, et en particulier du français « moyen », y est dépeinte sous ses traits les plus brutaux, les plus grotesques, les plus réelles mais surtout les plus touchants. Cette complicité se détache pourtant des frères Dardenne sur un point,  un point primordial qui lui donne son caractère unique, sa pointe d’humour piquante, noire et cynique, dans la lignée de Siné dont ils sont de fervents disciples.

Cette complicité n’est autre que celle qu’entretiennent Gustave Kervern et Benoit Delépine. Leurs noms ne vous diront peut-être rien et, connaissant leur profond dédain pour les paillettes, ils se complairont de cet anonymat. Pourtant, leur talent ne fait plus l’ombre d’un doute et le cinéma français actuel, moribond dans son ensemble, se réjouirait de les voir plus souvent.


(Benoit Delépine et Gustave Kerven)


Tout commença sur la seule chaîne française qui existe aujourd’hui à mes yeux, Canal +, au début des 1990. Benoit est alors un militant engagé, grand et chétif, qui tente vainement de gagner sa vie au travers des sketchs et des dessins qui révélaient déjà et son trait d’humour décalé et son fervent militantisme. Le succès n’est pourtant pas au rendez-vous. Gustave, un peu plus opulent, aux cheveux hirsutes et à la barbe ébouriffée, est, quant à lui, passionné de musique. C’est d’ailleurs vers cette dernière qu’il s’est tourné. Peines perdues et communes, voilà probablement ce qui les lia aux premiers abords. Canal + leur donne pourtant leur chance, dans une émission, dont l’humour cynique et obtus, leur servira de tremplin, Groland. Cet univers, inventé de toute pièce, régit par l’immoralité, le grotesque et  la méchanceté, n’est autre qu’une parodie subversive et provocante de notre beau pays. Des ingrédients qui pimenteront l’ensemble de leur œuvre.

Et Groland n’est qu’un début. Et même, un ensemble de débuts. Des débuts en tant que comédiens, des débuts en tant qu’écrivains et surtout le début d’une amitié qui bercera l’ensemble de leur œuvre.

 Leur talent éclot, en 2004,  sous le nom finlandais d’Aaltra. Ce film fait aujourd’hui partie des films incognito, ceux dont on ne parle pas mais sur lesquels il faudrait davantage se pencher. Gustave et Benoit y tiennent les rôles principaux, faute de moyens pour faire appel à des figures emblématiques du cinéma. A voir le film de plus près, recruter deux autres acteurs aurait terni l’intérêt du film. Aaltra est l’histoire de deux agriculteurs que tout distingue. Victimes du même accident causé par une benne produite par l’entreprise finlandaise Aaltra, ils vont, pourtant, se lier d’amitié afin de revendiquer des indemnités. L’histoire de ce film ressemble fortement à celle de ses réalisateurs que tout distinguait mais qu’une même cause, le cinéma, a réunie. Aaltra n’est pas qu’un premier film, il est surtout un premier succès artistique, un coup de maître, comme on aimerait en voir plus souvent. Le film, en noir et blanc, n’hésite pas à plonger le spectateur dans des plans longs et énigmatiques. Fidèles à leur façon de faire, Benoit et Gustave suggèrent, plus qu’ils ne dévoilent.  Teinté d’humour et de poésie,  le film tombera aux oubliettes mais le spectateur ne s’y trompera pas, il vient de découvrir un unique et même talent, à la naissance de deux auteurs.

Avida (2006), n’est qu’une confirmation. Un deuxième opus, en somme. Un sourd-muet et deux drogués tentent le coup de leur vie, en voulant enlever le chien d’une milliardaire russe, Avida. C’est un échec et Avida en profitera pour torturer ses tortionnaires et les faire assouvir ses dernières volontés.  Cruel et drôle, Avida est à l’image de ses réalisateurs, talentueux et différent. Toujours en noir et blanc, le film vous plonge dans un univers décalé et dérangeant. Différent de leur premier œuvre, Benoit et Gustave s’efforcent ici de percer le monde des désirs et du bizarre.

Il faudra finalement attendre Louise Michel (2008), puis Mammuth (2010) pour que le talent de  ces deux réalisateurs hors pairs soit véritablement reconnu. Une fois n’est pas coutume, s’est en s’inspirant des plus grands qu’on arrive à leur cheville. Louise Michel, un non familier de l’anarchisme à la française, en est une illustration divine. Sublimé par une actrice naturelle, drôle et émouvante, Yolande Moreau, ce film reprend les traits de caractère d’une femme militante et les applique à notre monde contemporain. Louise Michel, une ouvrière dont l’usine se délocalise, décide de mobiliser l’ensemble de ses collègues pour faire appel à un tueur à gage et assassiner leur patron indigne. L’humour noir, toujours aussi présent, dépeint cette fois-ci, une réalité sociale plus cruelle. Le film n’est que le reflet des dernières luttes ouvrières ayant amené à la séquestration de certains patrons. En noircissant le tableau d’un humour cynique, Benoit et Gustave plongent le spectateur dans un univers grossier et touchant que je conseille vivement.

Enfin, Mammuth (2010) est probablement leur chef d’œuvre, leur dernier film en date. Serge Pilardosse, surnommé Mammuth, un ouvrier, tout juste émérite, part à la recherche des papiers qui lui manquent pour toucher pleinement sa retraite. Après 60 ans de bons et loyaux services auprès   Interprété par Gérard Depardieu, Mammuth allie beauté, réalité et nostalgie. Nostalgie, car à travers l’allégorie de la retraite, ce film envoûte le téléspectateur dans une quête bien plus profonde, la recherche d’un passé, d’une jeunesse disparue, dissipée et oubliée dans les profondeurs de 45 ans de labeur. En cela, Mammuth est un film épatant.  Beauté car Mammuth est l’histoire d’un voyage. Un voyage au fin fond d’un paysage français méconnu, l’Ouest, dont le film, par ses plans longs et panoramiques, dévoile l’entier éclat. En cela, Mammuth est également un road-movie saisissant. Enfin réalité, car Mammuth, par sa démarche gauche, sa naïveté touchante, sa chevelure hirsute et son visage désœuvré n’est qu’une représentation de l’univers social auquel il appartient. Ne rencontrant que parias et autres paumés, Mammuth plonge le téléspectateur dans la classe sociale française la plus fragile, la plus crédule et surtout la plus saisissante. En cela, Mammuth est un chef d’œuvre. Et pour donner au film toute sa dimension politique, il n’est pas étonnant que ses auteurs aient choisi un sujet sensible, la retraite, et que celui-ci ait été distribué en salle au moment du débat auquel nous avons eu droit en France.

Encore une fois, Gustave et Benoît ne donnent aucune réponse. Il laisse libre-cours à l’imagination de leur téléspectateur sur ce que peut représenter la retraite, ce qu’elle constitue, pour des gens dont le travail, représente tout ce qu’ils ont de plus cher. A l’instar, de Yolande Moreau dans Louise Michel (et présente également dans Mammuth), Depardieu transcende le film comme si ce rôle n’avait été écrit que pour lui.

Je ne m’étonne pas aujourd’hui, à l’approche de la cérémonie des césars, de voir ce film nominé 3 fois, dans les catégories les plus prestigieuses (meilleur acteur, meilleur scénario original et meilleur film). Et si le vote ne tenait qu’à moi, je lui décernerai les trois.



Diego C.

jeudi 17 février 2011

Incendies



                  J’adore découvrir de nouveaux artistes. Parce que s’ils sont bons, alors je sais, que je leur consacrerai vraisemblablement l’ensemble de mon temps. Le problème est que je n’en découvre finalement peu qui vaillent le coup. Non seulement parce qu’il est difficile de juger un artiste que l’on ne connaît pas, sur une seule œuvre, même si celle-ci est remarquable, mais surtout parce que rares sont les artistes qui arrivent à véritablement susciter mon émerveillement.

Mais là, j’ai découvert une perle rare. Un film dont je me souviendrai toute ma vie. Nous sommes au mois de janvier 2011 et je sais déjà quel sera le film de l’année et de mon année à coup sûr. Mais le plus important à mes yeux va plus loin, j’ai découvert un vrai talent. Je n’ai pas encore vu d’autres films de vous mais je peux déjà dire que je vais m’empresser de les regarder.

Paradoxalement, Incendies n’a été pour moi qu’une source d’air cinématographique pur.  Je l’aurai pourtant intitulé Ouragan. Un ouragan qui rafle tout sur son passage. En 3 mois le film a remporté pas moins de 11 prix, dans tous les continents (le prix du meilleur scénario à la Semaine du cinéma international en Espagne à Valladolid ou encore le Grand Prix du Jury au festival de Varsovie, pour ne citer que les plus prestigieux). Et encore, cette tornade n’a pas fini de faire parler d’elle. Les « Césars » américains, référence en la matière l’ont sélectionné dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. A chaque festival auquel il a participé, le jury fut subjugué. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de savoir qu’à chaque nouvelle participation à de telles manifestations, certains distributeurs demandaient encore d’en acquérir les droits de diffusion, regrettant de ne pas l’avoir fait plus tôt. Pas mal pour un film qui, à peu de choses près,  a fait de son scénario sa seule publicité. Mais quelle publicité !

Ce film est en premier lieu un cours d’histoire initiatique sur un pays qu’on ne connait pas suffisamment,  en proie à un conflit qu’il subit, le conflit israélo-palestinien et à des tourments qui lui sont propres (la guerre civile entre autre), le Liban. Initiatique, car Incendies n’a pas vocation à prendre position sur des conflits dont l’histoire et les conséquences le dépassent. Le film se contente de relater l’horreur de ce pays dans les années 1970. Le film reste d’ailleurs très évasif sur le pays mais y dépeint suffisamment la détresse pour susciter notre curiosité.

Et puis le scénario entre en scène ! A la lecture du testament de leur mère, Nawal Marwan, ses jumeaux Simon et Jeanne Marwan se voient livrer deux enveloppes : l’une destiné à leur père qu’ils croyaient mort, l’autre destinée à leur frère dont ils ignoraient l’existence. Pas le temps de souffler ou de s’installer confortablement dans son fauteuil, le film démarre tambour battant sur la BO triste et vibrante de Radiohead, You and Whose army (pratiquement la seule musique du film) et une scène remarquable, celle d’un enfant, futur combattant dont l’on rase la tête. Le spectateur pénètre alors dans une expérience cinématographique de grande classe. Deux heures d’une expérience humaine bouleversante et douloureuse qui n’a finalement qu’un seul but, transmettre un message de paix, là où elle n’existe plus depuis près de quarante ans.

Le film est aussi un hommage à la femme. La femme persévérante, déterminée à l’image de la mère, personnage remarquable et remarquée, fil conducteur de l’ensemble de cette œuvre, qui, en dépit des tourments et vicissitudes qu’elle a vécus, se bat, éperdument. Un combat qui semble voué à l’échec dès les premières minutes mais que la persévérance de cette femme pousse à poursuivre et soutenir inlassablement.

C’est aussi la quête d’un passé. Un passé que les jumeaux découvrent au fur et à mesure du film. Un passé douloureux. Une introspection dans la vie d’une mère dont ils ne connaissent qu’un pan de la vie.

Mais la beauté du film réside en sa mise en scène. Car l’histoire est découpée en deux parties. Celle de la mère et celle de ses enfants. A aucun moment, le spectateur n’est perdu. Les deux histoires s’entremêlent mais le réalisateur donne toujours une longueur d’avance au spectateur en lui dévoilant le passé de la mère. Il connaît déjà certaines réponses que se posent les enfants mais suit leur quête pas à pas. Jusqu’à la fin, le spectateur pense avoir un coup d’avance. Du moins, le réalisateur le lui fait croire. Jusqu’aux cinq dernières minutes, vous serez plongé, hypnotisé par cette histoire, jusqu’au moment fatidique, où, vous rendrez compte, avec effroi, que vous n’êtes pas plus avancé que les jumeaux, parce que vous vous apercevrez que ce n’est pas un incendie en tant que tel qui cause le plus de dégât sinon le souffle qui le fait voyager. Grandiose !


Diego C.

lundi 14 février 2011

Mes Hommages Monsieur De Funès


            Au moment d’écrire ces quelques lignes, quelle n’est pas mon émotion. Je vais enfin pouvoir révéler ce talent, trop rare mais intense, qu’était le vôtre. Il ne fut jamais reconnu à sa juste valeur et n’a jamais trouvé d’égal. Peut être parce que comme le disait Dany Boon, les Césars devraient distinguer une catégorie film comique. Une récompense de la part de vos pairs ? Un César d’Honneur en 1980 pour l’ensemble de votre carrière. Mais quel César ! Remis des mains de vôtre idole, Jerry Lewis. Ce show de 5 minutes a laissé des traces dans les annales de la Cérémonie.

            Les débuts furent compliqués. Choisir de devenir comédien à 28 ans n’est pas une mince affaire. Votre premier amour alla au théâtre. Vous avez d’ailleurs réussi votre concours d’entrée au Cours Simon avec une scène des Fourberies de Scapin, jolie clin d’œil à ce qu’allait être votre carrière. Daniel Gélin puis Sacha Guitry vont vous intégrer dans ce petit monde du cinéma, où Gabin et Bourvil ont depuis longtemps imposé leur gouaille.

            C’est avec ces deux immenses acteurs, que le public va véritablement découvrir l’étendu de votre talent, lorsque vous apparaissez avec cette petite moustache qui vous porta préjudice dans les années 50. Vous étiez Jambier, l’épicier de La Traversée de Paris (1956). Et on y voyait déjà les prémices de ces mimiques qui allaient vous rendre célèbre. Qui se souvient de Ni vu... Ni connu... (1958) ou vous campiez un facétieux braconnier. De La Vendetta, ou vous jouiez un bandit corse, de votre nouveau duo avec Gabin dans Le Gentleman d’Epsom en 1962 et de cet incroyable film Des Pissenlits par la Racine de Georges Lautner en 1964. Certes, des petits films pour un grand talent. Ce sont des comédies grand public qui vont définitivement vous mettre en haut de l’affiche. Jean Girault aura se mérite avec successivement Faites sauter la banque !, Pouic-Pouic et en 1964 Le Gendarme de Saint-Tropez, premier tome de la série qui en comptera six.

(La Grande Vadrouille

            Puis vint le temps des succès. Des scènes inoubliables, qui ont marqué la France pour l’éternité, avec Le Corniaud (photo du blog) en 1965 et La Grande Vadrouille en 1966 (plus de 17 millions d’entrées). Avec comme pendant Bourvil, sous la direction de Gérard Oury, votre trio a fait rire cette France mélancolique. Ces fous rires immortels ne furent marqués que par la disparition tragique de votre cher et tendre Bourvil en cette année 1970. Le projet de La Folie des Grandeurs (librement inspiré de Ruy Blas de Victor Hugo) faillit tomber à l’eau. Il était impossible pour vous et Oury, dès lors, d’envisager une seule seconde ce film sans ce partenaire. Yves Montand vola à votre secours et ce fut encore un succès, ou vous avez magnifié le rôle de Don Salluste.

(Le Corniaud)

(Le Tatoué)

            Des duos marquants, il y en eut à la pelle. Vous avez joué avec les meilleurs de ce qu’a compté le cinéma français, avec Gabin dans Le Tatoué, avec Coluche dans L’aile ou la Cuisse, avec Blier dans Le Grand Restaurant, avec Jean Marais dans la trilogie des Fantomas, avec Annie Girardot dans La Zizanie, avec Michel Galabru et Jean Lefebvre dans les Gendarmes et tant qu'autre qu'on ne peut citer. Ce même Galabru et d’autres, vous rendirent hommage dans Papy fait de la résistance, film dans lequel vous auriez du jouer. Avec tous ses duos comment ne pas évoquer «ma biche», Claude Genseac, celle qui fut si souvent votre femme à l’écran et avec qui vous partagiez une tendre complicité.


            Définir votre style passerait par une facilité à vous déguiser, à danser comme dans Rabbi Jacob (réalisation Gérard Oury, sorti en 1973) ou l’Homme Orchestre (1970). Vous aviez adapté en quelque sorte la comedia d’ell arte au cinéma français. Une scène anodine pouvait se transformer grâce à vous en éclats de rire interminables. Des mimiques dont vous aviez le secret et que seul les images permettent réellement de retranscrire. On vous a injustement reproché de vous être enfermé dans un carcan comique. Pourtant, avec les scènes de Jo, ou lors de la Bar Mitzvah dans Rabbi Jacob, vous avez prouvé que vous étiez capable de jouer des rôles sensibles. C’est tout simplement que vous ne vous plaisiez pas dans ce registre.


(Rabbi Jacob)

Vous aviez un peps qui transpirait à l’écran. Toute votre énergie y passait. Peu de gens savent pourtant qu’en dehors de l’écran, vous étiez une bête de travail, un perfectionniste mais un stressé perpétuel. Vous attendiez la reconnaissance d’un public toujours plus exigent avec angoisse. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque que je découvris dans un vieux reportage que votre moyen d’évacuer toute cette pression était de jardiner tranquillement.


Une scène d’anthologie me revient en mémoire, celle de la douche dans Le Corniaud ou vous faites valoir votre physique malingre face à un colossal étranger (voir vidéos ci-dessous). C’est peut-être ce qui vous manquait, un corps capable de supporter la pression que vous vous imposiez et qui vous a foudroyé en 1983.

            Des derniers films ou vous êtes apparu (La Soupe aux choux en 1981, où vous formez un duo détonnant avec Villeret et Le Gendarme et les Gendarmettes en 1982), je n’en garde pas un bon souvenir. Cette facilité, que vous aviez à rendre n’importe quelle situation comique, était toujours présente, mais on vous y voit surtout affaibli. Plus tard, deux événements m’attristèrent d’autant plus, lorsqu’en 1998 et en 2008 votre record d’entrées tomba au profit de Titanic et de Bienvenue Chez les Ch'ti .

            Au moment de conclure ces quelques lignes, je me rends compte de leurs futilités. Car elles ne sont rien en comparaison de l’immense œuvre que vous nous avez laissé. J’ai l’espoir qu’elles permettent à certains de découvrir vos œuvres cachées et qu’elles vous rendent enfin cet hommage que vous méritez tant. Car Monsieur De Funès, comme l’avait si bien dit Yves Montand, vous êtes et resterez, à mes yeux, Grand !



Vincent L.









De funès à la douche
envoyé par coluche7662. - Court métrage, documentaire et bande annonce.




(La Grande Vadrouille)



(La Grande Vadrouille)


Votre César de la Meilleure actrice est attribué à ...

(Sara Forestier dans Le Nom des gens)

       Sara Forestier pour Le Nom des gens. Après avoir obtenu le César de Meilleur espoir avec L'esquive, elle impressionne dans son rôle, au côté de Jacques Gamblin. Vous avez largement plébiscitée cette actrice de la nouvelle génération, au même titre qu’Isabelle Carré pour Les Emotifs anonymes, qui se classe en deuxième position. Cette génération éclipse la vieille garde en les personnes de Catherine Deneuve et Kristin Scott-Thomas.

           


       Cette catégorie, plus que les autres, se fait remarquer pas ces absences de marques. Alors que l’essentiel du casting de l’Arnacoeur est présent, Vanessa Paradis a été écartée de la sélection. Il en va de même pour Juliette Binoche, qui après son prix d’interprétation à Cannes pour Copie Conforme, ne méritait pas en plus un César. Les bizarreries se poursuivent: l’absence de Marion Cotillard pour un césar du Meilleur Second rôle et la présence de Yahima Torres (La Vénus Noire) pour un César du Meilleur espoir qui aurait du plutôt être pour la Meilleure actrice. Mais tout le monde ne pouvait évidemment pas être sélectionné au vue des forces en présences.


(Laëtitia Casta dans Gainsbourg)
            Notre César du meilleur second rôle devrait être attribué à Valérie Bonneton, vrai découverte ou redécouverte, dans le film de Guillaume Canet, Les petits mouchoirs. Malgré tout, notre coup de cœur de la sélection ne devrait pas l’obtenir, le parterre parisien devant lui préférer Laëtitia Casta (Gainsbourg Vie Héroïque). On pense aussi à Karine Viard dans Potiche et à Anne Alvaro pour son second rôle, secrétaire de Jean Dujardin, dans Le Bruit des Glaçons, mais surtout pour l’ensemble de leurs carrières, qui ne furent jamais récompensées à leur juste valeur.


(Léa Seydoux dans Belle Epine)
            L’espoir féminin devrait voir  s’instaurer un rude combat entre Anaïs Dumoustier et Léa Seydoux. Notre préférence irait à Léa Seydoux, pour sa performance remarquable  de fille fragile et rebelle dans Belle Epine, au générique duquel figure également Anaïs Dumoustier. Leila Bekhti, pour Tout ce qui brille, pourrait s’immiscer et faire valoir un César qu’elle mérite tout autant.






Vincent L.

Cette semaine votez pour le César du Meilleur Film.

vendredi 11 février 2011

Ces incommensurables Valseuses

              Bertrand Blier débutait tout juste dans le cinéma en tant que réalisateur. C’était à vrai dire son troisième long-métrage (après un documentaire Hitler, connais pas et son premier film Si j’étais un espion). Pour bien faire, il a réalisé avec ce road-movie, plus de 5 millions d’entrées. Les Valseuses (adapté de son roman du même nom), un titre accrocheur en cette année 1974 et là encore, on est en présence d’un film culte et jubilatoire, comme qui dirait, à la française.

        Pierrot et Jean-Claude, deux petites frappes, vivant de vols et de larcins, se voient contraints de prendre la route, après un emprunt de voiture qui à mal tourné. Accompagnés dans leur fuite par Marie-Ange, la maîtresse du propriétaire de la Citroën DS.



           On aime les trios d’acteurs. Celui-ci encore plus. Composé de Gérard Depardieu, du regretté Patrick Dewaere et Miou-Miou, il vous fera passer par touts les états, entraînant avec eux un sorte d’hystérie. Des scènes surréalistes, des acteurs en quêtes de l’immoral absolu, l’impertinence étant le maître mot. Ce film est révélateur d’une société en pleine mutation, il peut plaire ou pire, déplaire. Nuls doutes que sa sortie a provoqué les plus vives critiques et les haut-le-cœurs des puritains. 


            Ce film marque véritablement le début de carrière de Bertrand Blier. On pourrait d’ailleurs le considérer comme son premier film. Des dialogues crus, mordants, obscènes, mais qui dans la bouche de Depardieu et Dewaere raisonnent comme une douce mélodie : «on est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland, et on bandera quand on aura envie de bander…».

            Sans être taxé de pornographique, l’essentiel du film, et même en dehors du tournage selon Miou-Miou, est porté sur la libération sexuelle. Il fallait avoir 21 ans en 1974 pour voir ce film. Brut, froid, parfois malsain, il montre une société libérée de ses carcans. Tout le monde se souvient de cette scène mythique, ou Miou-Miou court vers Depardieu et Dewaere, en leur hurlant à moitié dévêtue : «ça y est, ça y est, je l’ai pris ! –quoi ?  –Mon pied !» 


            Des films controversés, Bertrand Blier s’en est fait une spécialité. Ce film intègre sûrement le haut du hit-parade de la provocation. C’était le but. Il le dit lui-même. Répondant à une question de Mouloud Achour «vous avez déjà enculé quelqu’un dans le cinéma ?», «Des producteurs. Et le public … sur Les Valseuses j’ai enculé la France entière. Ça m’a apporté du bonheur, je leur ai mis un gros doigt quand même» (vidéo Canal +, Daily Mouloud). Un film irrévérencieux pour lequel, Monsieur Blier, on ne peut que s’incliner bien bas.


Vincent L.




lundi 7 février 2011

Votre César du Meilleur acteur est attribué à ...

         
 Lambert Wilson, pour son rôle de Christian de Chergé, prieur de la communauté des moines de Tibhirine, dans Des Hommes et des Dieux. Gerard Depardieu pour Mammuth et Erico Elmosino pour son rôle de Gainsbourg, se classent respectivement deuxième et troisième.

     

En attribuant cet hypothétique César à Lambert Wilson, vous avez décidé de récompenser sa remarquable interprétation, toute en justesse et en dévotion. Et pour nous il le mérite très largement. Ce César viendrait également distinguer une longue et fructueuse carrière d’acteur. Qui ne fut jamais couronnée d’aucune récompense, après avoir pourtant obtenu 5 nominations aux César (3 en tant que Meilleur acteur et 2 pour le Meilleur acteur dans un second rôle).

    


Pour le César du Meilleur second rôle, Michael Lonsdale, pour son interprétation de frère Luc dans Des Hommes et des Dieux, est lui aussi largement favoris. Il avait d’ailleurs déjà endossé le rôle d’un moine dans le film de Jean-Jacques Annaud, Le Nom de la rose.






Tout est possible concernant le César du Meilleur jeune espoir masculin. Même si Edgar Ramirez (photo de gauche), pour son rôle de Carlos, tient la corde, Raphaël Personnaz et Grégoire Leprince-Ringuet, pour leur interprétation dans La Princesse de Montpensier, pourraient venir jouer les troubles fêtes.



Vincent L.

Cette semaine, votez pour votre César de la Meilleure actrice.

vendredi 4 février 2011

Des films horriblement drôles !


Amateur de Braindead et autre Shaun of the dead, cet article est pour vous. Si vous aimez vous faire une petite soirée d’horreur-comédie, deux films pourraient vous intéresser.

                Sorti en 2009, Bienvenue à Zombieland ressemble dans le titre à tous ses prédécesseurs (L’armée des morts, Zombies…). Tout commence donc dans un monde infesté de zombies. Deux survivants, Colombus et Tallahassee tentent, tant bien que mal, de ne pas se faire dévorer et pour le dernier, de trouver son or à lui, des biscuits Twinkie. La rencontre de deux sœurs Wichita et Little Rock va changer la destination de leur voyage vers un parc d’attraction sur la côte ouest.

On retrouve aisément l’esprit des deux films cités plus haut. N’ayez pas peur, riez. Ce film est là pour ça. Beaucoup d’hémoglobine, des situations innovantes pour exterminer les zombies, sans nécessairement tous les tuer. Le but étant avant tout de survivre sans faire de vagues et avec humour. Vous évoluerez avec les personnages en fonctions des règles de survie qu’ils se sont fixés. On peut citer par exemples :


  • Règle n°1 : avoir un bon cardio : les zombies sont de fins sprinteurs de nos jours, les non sportifs risquent de mourir les premiers.
  • Règle n°3 : méfiez vous des toilettes : le lieu où un être humain est le plus vulnérable, pensez toujours à vérifier, voir à se barricader, quand vous passez sur le trône. Ceci est aussi valable pour tous les endroits où il n’y a qu’une sortie.
  • Règle n°21 : évitez les clubs de strip-tease.
  • Règle n°31 : vérifiez toujours la banquette arrière.


Des personnages attachants, une fois n’est pas coutume, vous ferons apprécier leur situation peu enviable.  À noter la présence hilarante mais trop courte de Bill Murray. On attend avec impatiente la suite en 2011, Bienvenue à Zombieland 2.

                Si vous n’êtes pas rassasié, Piranha 3D pourra être le complément idéal.  On exclura le débat stérile concernant un possible remake de Piranha sorti en 1978. Ce film a été réalisé et scénarisé par des français, Alexandre Aja et Gregory Levasseur.

L’invasion des piranhas a lieu au cours du fameux spring-break,  suite à un tremblement de terre ayant libéré des piranhas préhistoriques, assoiffés de sang. Jake, le fils du shérif, est au centre de l’histoire et des piranhas, embarqué sur un bateau pour le tournage d’un Wild Wild Girls.

                Peu de mot peuvent résumer ce film, hormis peut-être trois: des nichons, des bières et du sang. Ne vous attendez pas, là encore, à voir un massacre classique. La scène avec Kelly Brook nageant en tenue d’Eve est là pour vous le rappeler. La dernière scène également. On suivra avec attention la suite prévue en DVD pour 2011.





jeudi 3 février 2011

The Audiard's family

Dans la famille du cinéma français, je demande le père, Michel et le fils, Jacques. Il était impossible pour nous de ne pas parler d’eux. Eux qui ont tellement apporté au cinéma et qui continuent de le faire.

Commençons par le père. Tour à tour journaliste, réalisateur, scénariste, dialoguiste, écrivain, acteur, son œuvre est immense et les quelques lignes que nous allons lui consacrer sont presque superflues. Pour débuter, comment ne pas évoquer sa rencontre décisive sur le tournage du film Gas-oil avec Gabin en 1955, auquel il va redonner ses lettres de noblesses. S’en suivra une collaboration d’une vingtaine de films inoubliables, parmi lesquels,  Le Pacha, Mélodie en sous-sol, Le cave se rebiffe. Ventura, Serrault et Blier peuvent également se targuer d’une grande amitié avec le scénariste-dialoguiste.

Deux périodes pourraient être à distinguer. La première de 1950 à 1975 au cours de laquelle son génie va éclater. Ses textes font mouches. Ces films n’ont existé que parce qu’Audiard était capable de sublimer l’histoire par ses mots. Son inspiration venait de ses amis, des racontars de bistros, de discussions avec des chauffeurs de taxis.  Alors que la Nouvelle Vague lui reproche son «cinéma de papa», ses dialogues se rapprochent toujours un peu plus d’une certaine réalité, celle de la rue, de la vie de tous les jours. Des scènes comme celle de la cuisine dans Les Tontons Flingueurs restent aujourd’hui des images cultes du cinéma français et des répliques improbables :

 «Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.» dans Un Taxi pour Tobrouk

«Conduire dans Paris, c’est une question de vocabulaire.» dans Mannequin de Paris

«Il serait normal que les assassins signalent les crimes. Après tout, ils sont les premiers informés.» dans Garde à Vue

«J'me suis jamais fait baiser deux fois de suite.
- Eh ben, tu sais pas ce que tu perds !» dans Elle cause plus, elle flingue

«Je suis pas Lawrence d'Arabie. Je traverse pas le désert sans boire.» dans Des pissenlits par la racine

«Quand les types de cent trente kilos disent certaines choses, ceux de soixante kilos les écoutent...» dans 100 000 dollars au soleil

Également réalisateur, il se démarque par ses titres à rallonges : Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages (1968), Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas … mais elle cause (1969) ou encore Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1974). Des comédies populaires, aux titres accrocheurs, lui qui en disait, qu’au moins on les verraient sur les façades des cinémas.

La deuxième de 1975, suite à un évènement tragique, à sa mort en 1986, le ramène définitivement à son métier de dialoguiste. Des textes plus sombres, plus enclins à un cinéma de son temps, donnent des films tels que Le Guignolo (1980), Le Professionnel (1981) et celui pour lequel il obtint le César de meilleur scénariste, Garde à Vue (1983), avec des échanges poignants entre Serrault et Ventura.

Dans sa lignée, Jacques, son fils, a pris le relais. Mais c’est à la réalisation qu’il va exceller. En quinze ans, cinq films, tous des succès, récompensés par 2 prix à Cannes et 8 Césars dont 2 en tant que Meilleur réalisateur. On retiendra, le sombre Sur mes lèvres (2001), le mélancolique De battre mon cœur s’est arrêté (2005), césarisé méritant face au Fabuleux Destin d’Amelie Poulain, La Chambre des officiers ou encore Le pianiste. Le dernier en date, succès national et international, Un Prophète (2009), Grand Prix au Festival de Cannes, raconte l’évolution de Tahar Rahim dans l’univers carcéral français.

Un dernier chiffre pour finir, il représente à eux deux, plus de 200 millions d’entrées. On les en remercie, de nous avoir fait vivre, et de continuer à le faire, de grands moments de cinéma.



Les mots fétiches de michel audiard
envoyé par RioBravo. - Court métrage, documentaire et bande annonce.