lundi 14 février 2011

Mes Hommages Monsieur De Funès


            Au moment d’écrire ces quelques lignes, quelle n’est pas mon émotion. Je vais enfin pouvoir révéler ce talent, trop rare mais intense, qu’était le vôtre. Il ne fut jamais reconnu à sa juste valeur et n’a jamais trouvé d’égal. Peut être parce que comme le disait Dany Boon, les Césars devraient distinguer une catégorie film comique. Une récompense de la part de vos pairs ? Un César d’Honneur en 1980 pour l’ensemble de votre carrière. Mais quel César ! Remis des mains de vôtre idole, Jerry Lewis. Ce show de 5 minutes a laissé des traces dans les annales de la Cérémonie.

            Les débuts furent compliqués. Choisir de devenir comédien à 28 ans n’est pas une mince affaire. Votre premier amour alla au théâtre. Vous avez d’ailleurs réussi votre concours d’entrée au Cours Simon avec une scène des Fourberies de Scapin, jolie clin d’œil à ce qu’allait être votre carrière. Daniel Gélin puis Sacha Guitry vont vous intégrer dans ce petit monde du cinéma, où Gabin et Bourvil ont depuis longtemps imposé leur gouaille.

            C’est avec ces deux immenses acteurs, que le public va véritablement découvrir l’étendu de votre talent, lorsque vous apparaissez avec cette petite moustache qui vous porta préjudice dans les années 50. Vous étiez Jambier, l’épicier de La Traversée de Paris (1956). Et on y voyait déjà les prémices de ces mimiques qui allaient vous rendre célèbre. Qui se souvient de Ni vu... Ni connu... (1958) ou vous campiez un facétieux braconnier. De La Vendetta, ou vous jouiez un bandit corse, de votre nouveau duo avec Gabin dans Le Gentleman d’Epsom en 1962 et de cet incroyable film Des Pissenlits par la Racine de Georges Lautner en 1964. Certes, des petits films pour un grand talent. Ce sont des comédies grand public qui vont définitivement vous mettre en haut de l’affiche. Jean Girault aura se mérite avec successivement Faites sauter la banque !, Pouic-Pouic et en 1964 Le Gendarme de Saint-Tropez, premier tome de la série qui en comptera six.

(La Grande Vadrouille

            Puis vint le temps des succès. Des scènes inoubliables, qui ont marqué la France pour l’éternité, avec Le Corniaud (photo du blog) en 1965 et La Grande Vadrouille en 1966 (plus de 17 millions d’entrées). Avec comme pendant Bourvil, sous la direction de Gérard Oury, votre trio a fait rire cette France mélancolique. Ces fous rires immortels ne furent marqués que par la disparition tragique de votre cher et tendre Bourvil en cette année 1970. Le projet de La Folie des Grandeurs (librement inspiré de Ruy Blas de Victor Hugo) faillit tomber à l’eau. Il était impossible pour vous et Oury, dès lors, d’envisager une seule seconde ce film sans ce partenaire. Yves Montand vola à votre secours et ce fut encore un succès, ou vous avez magnifié le rôle de Don Salluste.

(Le Corniaud)

(Le Tatoué)

            Des duos marquants, il y en eut à la pelle. Vous avez joué avec les meilleurs de ce qu’a compté le cinéma français, avec Gabin dans Le Tatoué, avec Coluche dans L’aile ou la Cuisse, avec Blier dans Le Grand Restaurant, avec Jean Marais dans la trilogie des Fantomas, avec Annie Girardot dans La Zizanie, avec Michel Galabru et Jean Lefebvre dans les Gendarmes et tant qu'autre qu'on ne peut citer. Ce même Galabru et d’autres, vous rendirent hommage dans Papy fait de la résistance, film dans lequel vous auriez du jouer. Avec tous ses duos comment ne pas évoquer «ma biche», Claude Genseac, celle qui fut si souvent votre femme à l’écran et avec qui vous partagiez une tendre complicité.


            Définir votre style passerait par une facilité à vous déguiser, à danser comme dans Rabbi Jacob (réalisation Gérard Oury, sorti en 1973) ou l’Homme Orchestre (1970). Vous aviez adapté en quelque sorte la comedia d’ell arte au cinéma français. Une scène anodine pouvait se transformer grâce à vous en éclats de rire interminables. Des mimiques dont vous aviez le secret et que seul les images permettent réellement de retranscrire. On vous a injustement reproché de vous être enfermé dans un carcan comique. Pourtant, avec les scènes de Jo, ou lors de la Bar Mitzvah dans Rabbi Jacob, vous avez prouvé que vous étiez capable de jouer des rôles sensibles. C’est tout simplement que vous ne vous plaisiez pas dans ce registre.


(Rabbi Jacob)

Vous aviez un peps qui transpirait à l’écran. Toute votre énergie y passait. Peu de gens savent pourtant qu’en dehors de l’écran, vous étiez une bête de travail, un perfectionniste mais un stressé perpétuel. Vous attendiez la reconnaissance d’un public toujours plus exigent avec angoisse. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque que je découvris dans un vieux reportage que votre moyen d’évacuer toute cette pression était de jardiner tranquillement.


Une scène d’anthologie me revient en mémoire, celle de la douche dans Le Corniaud ou vous faites valoir votre physique malingre face à un colossal étranger (voir vidéos ci-dessous). C’est peut-être ce qui vous manquait, un corps capable de supporter la pression que vous vous imposiez et qui vous a foudroyé en 1983.

            Des derniers films ou vous êtes apparu (La Soupe aux choux en 1981, où vous formez un duo détonnant avec Villeret et Le Gendarme et les Gendarmettes en 1982), je n’en garde pas un bon souvenir. Cette facilité, que vous aviez à rendre n’importe quelle situation comique, était toujours présente, mais on vous y voit surtout affaibli. Plus tard, deux événements m’attristèrent d’autant plus, lorsqu’en 1998 et en 2008 votre record d’entrées tomba au profit de Titanic et de Bienvenue Chez les Ch'ti .

            Au moment de conclure ces quelques lignes, je me rends compte de leurs futilités. Car elles ne sont rien en comparaison de l’immense œuvre que vous nous avez laissé. J’ai l’espoir qu’elles permettent à certains de découvrir vos œuvres cachées et qu’elles vous rendent enfin cet hommage que vous méritez tant. Car Monsieur De Funès, comme l’avait si bien dit Yves Montand, vous êtes et resterez, à mes yeux, Grand !



Vincent L.









De funès à la douche
envoyé par coluche7662. - Court métrage, documentaire et bande annonce.




(La Grande Vadrouille)



(La Grande Vadrouille)


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