vendredi 11 février 2011

Ces incommensurables Valseuses

              Bertrand Blier débutait tout juste dans le cinéma en tant que réalisateur. C’était à vrai dire son troisième long-métrage (après un documentaire Hitler, connais pas et son premier film Si j’étais un espion). Pour bien faire, il a réalisé avec ce road-movie, plus de 5 millions d’entrées. Les Valseuses (adapté de son roman du même nom), un titre accrocheur en cette année 1974 et là encore, on est en présence d’un film culte et jubilatoire, comme qui dirait, à la française.

        Pierrot et Jean-Claude, deux petites frappes, vivant de vols et de larcins, se voient contraints de prendre la route, après un emprunt de voiture qui à mal tourné. Accompagnés dans leur fuite par Marie-Ange, la maîtresse du propriétaire de la Citroën DS.



           On aime les trios d’acteurs. Celui-ci encore plus. Composé de Gérard Depardieu, du regretté Patrick Dewaere et Miou-Miou, il vous fera passer par touts les états, entraînant avec eux un sorte d’hystérie. Des scènes surréalistes, des acteurs en quêtes de l’immoral absolu, l’impertinence étant le maître mot. Ce film est révélateur d’une société en pleine mutation, il peut plaire ou pire, déplaire. Nuls doutes que sa sortie a provoqué les plus vives critiques et les haut-le-cœurs des puritains. 


            Ce film marque véritablement le début de carrière de Bertrand Blier. On pourrait d’ailleurs le considérer comme son premier film. Des dialogues crus, mordants, obscènes, mais qui dans la bouche de Depardieu et Dewaere raisonnent comme une douce mélodie : «on est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland, et on bandera quand on aura envie de bander…».

            Sans être taxé de pornographique, l’essentiel du film, et même en dehors du tournage selon Miou-Miou, est porté sur la libération sexuelle. Il fallait avoir 21 ans en 1974 pour voir ce film. Brut, froid, parfois malsain, il montre une société libérée de ses carcans. Tout le monde se souvient de cette scène mythique, ou Miou-Miou court vers Depardieu et Dewaere, en leur hurlant à moitié dévêtue : «ça y est, ça y est, je l’ai pris ! –quoi ?  –Mon pied !» 


            Des films controversés, Bertrand Blier s’en est fait une spécialité. Ce film intègre sûrement le haut du hit-parade de la provocation. C’était le but. Il le dit lui-même. Répondant à une question de Mouloud Achour «vous avez déjà enculé quelqu’un dans le cinéma ?», «Des producteurs. Et le public … sur Les Valseuses j’ai enculé la France entière. Ça m’a apporté du bonheur, je leur ai mis un gros doigt quand même» (vidéo Canal +, Daily Mouloud). Un film irrévérencieux pour lequel, Monsieur Blier, on ne peut que s’incliner bien bas.


Vincent L.




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