mercredi 27 avril 2011

Inclassable Jim Jarmusch

(Jim Jarmusch)

        Son prénom, tiré d’un film de Truffaut, le prédestinait déjà à une grande carrière. Pourtant celle-ci ne comporte qu’une quinzaine de long-métrages, tous plus marquants les un que les autres.
           
        Si il dépeint l’Amérique comme personne, il est resté marqué par son assiduité à la cinémathèque parisienne, qui le fit rentrer dans le monde du cinéma et auquel il n’hésite pas à rendre hommage dans ses films. Comme ce fut le cas dans Ghost Dog, la voie du samouraï (en 1999, avec Forest Whitaker, traçant le portrait d’un tueur à gages vivant selon le Code des Samouraïs), adapté du film de Jean-Pierre Melville, Le Samouraï.

Rendant au noir et blanc ses couleurs d’antan, dont il s’est fait une spécialité, ses films impressionnent par leur étrangeté. Ses personnages sont désabusés, souvent tiraillés par une double culture, mais ils sont avant tout des anti-héros. D’abord avec Stranger than paradise (1984) puis Down by Law (1986), dans lequel Roberto Benigni, Tom Waits et John Lurie forment un improbable trio de tôlards.

(John Lurie, Roberto Benigni et Tom Waits)

Peu récompensé, ses films font pourtant l’unanimité. Revenu à la couleur avec Mystery Train, morceau popularisé par Elvis, dont ses trois histoires se déroulent à Memphis. Puis un improbable western en 1995, Dead Man, avec Johnny Depp, en hommage au poète William Blake, sur lequel Neil Young a posé la bande originale lorsque Jarmusch lui présenta le film. Et enfin Broken Flowers en 2005, avec Bill Murray, road-movie sur un homme aux mille conquêtes, partant à la recherche d’un fils dont il ne connaît rien.


Ses amis, Tom Waits, Igy Pop et John Lurie sont partis intégrante de ses films, comme acteurs et interprètes. Il a une faculté à jouer avec la musique comme aucun réalisateur ne l’a fait avant lui. Elle sert l’intemporalité de ses films et ses personnages si énigmatiques. En 2002, revenu au noir et blanc, sort Coffee and Cigarettes, montages de plusieurs courts-métrages avec de nombreuses stars (on ne citera que Les White Stripes, Roberto Benigni, Bill Murray, Cate Blanchett ou encore Steve Buscemi). Ce film d'amis, discutant de tout et de rien, autour d'un café et d'une cloppe rappel l'essentiel de Jarmusch: un univers impitoyable, fait de marginaux, parfois solitaires autour de deux cultures: américaine et européenne. 

(GZA, RZA du Wu Tang et Bill Murray dans un des courts-métrages de Coffee And Cigarettes)

Souvent comparé à un réalisateur indépendant, du fait de sa totale liberté dans l'ensemble du film, Jim Jarmusch nous laisse surtout tirer nos propres conclusions. Ce fan de Buster Keaton, est un réalisateur en perpétuel quête d'identité et de spiritualité. Si certains de ses films rebutent le grand public, n’hésitez pas à rentrer dans son univers désenchanté.


Vincent L.

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