mercredi 20 avril 2011

La guerre selon Schoendoerffer

(Pierre Schoendoerffer en Indochine)

Pierre Schoendoerffer est probablement l’un des réalisateurs les plus méconnu en France. Il est pourtant celui qui a dépeint le mieux l’armée française et ses engagements dans les guerres coloniales. Amateurs de films du type Il faut sauver le soldat Ryan ou Windtalkers, messagers du vent, passé votre chemin. Il rend à la guerre une dimension réelle.

Avant la réalisation, il s’engage au service cinématographique de l’armée. Fait prisonnier à Dien Bien Phu, il décide de rester en Asie après sa libération, comme photographe-reporter.

La réalisation du film La 317ème Section (tiré de son roman du même nom) va l’imposer en France. On peut estimer que ce film est le premier des films de guerre français. Il narre la fuite en avant d’une section de l’armée française, dans le nord de l’Indochine, au moment même de la défaite de Dien Bien Phu. Ce film réunit ses deux acteurs fétiches, qu’il retrouvera plus tard : Jacques Perrin et Bruno Cremer.

(Bruno Cremer et Jacques Perrin dans La 317ème Section)
La reconnaissance internationale va venir de son documentaire La Section Anderson, pour lequel il obtiendra l’Oscar du meilleur documentaire. Il a ainsi suivi pendant 6 semaines, la section du Lieutenant Anderson au Vietnam.

Ce membre de l’Académie des beaux-arts a réussi, au cours de ces différents films et documentaires, à rendre l’ambiance de la guerre. Ses expériences du combat, ainsi que son métier de Journaliste durant la guerre d’Algérie vont lui permettre de réaliser des films authentiques et prenants. En 1977 sort le Crabe-Tambour (adapté d’un de ses romans) avec Jacques Perrin et Jean Rochefort. Ce film romance l’histoire vrai du Commandant Pierre Guillaume, membre de l’OAS et putschiste d’Alger. Suivra en 1982, L’Honneur d’un Capitaine, au cours d’un procès en diffamation d’un journaliste à propos d’un Capitaine durant la guerre d’Algérie, se remémorant ainsi les actions de celui-ci.

Son film le plus aboutit reste Dien Bien Phu, film racontant la chute du camp retranché. Symphonie guerrière sur le magnifique morceau de Georges Delerue «Le Concerto de l’Adieu», un hymne prémonitoire. Nul autre que lui-même ne pouvait réaliser ce film, après avoir assisté à la défaite, la souffrance des camps et le retour à la réalité, abandonné de tous. L’ensemble du film est basé sur des faits et des personnages qui ont réellement existé. Un film presque autobiographique, imprégné  de ses souvenirs du conflit. Son fils joue d’ailleurs son propre rôle, caméraman pour l’armée. Il rappel surtout que l’héroïsme prend naissance aux heures les plus graves

Sans tomber dans la facilité, Schoendoerffer ne cherche pas la critique du commandement. Exit le patriotisme franchouillard. Attaché à une France d’un autre temps, colonial et militaire, il démontre le rôle des soldats, leurs peurs, leurs angoisses et leur rôle parfois absurde. Ses films sont prenants, haletants, tournés de façon quasi-documentaire, avec une très grande pudeur, pour ses camarades disparus. Il nous livre de véritables épopées, animées d’humanité et d’amitié. 



Vincent L.






Dien Bien Phu (Schoendoerffer) par henrisalvador

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