dimanche 2 janvier 2011

Hayao Miyazaki : le Walt Disney japonais

Qui, hormis des aficionados des mangas, avait déjà entendu parler d’Hayao Miyazaki avant 1999 et le succès international de Princesse Mononoke? Personne, c’est là tout le paradoxe Miyazaki. Si ses films furent des succès reconnus au Japon, le reste du monde ne les a découverts qu’après 2000 alors que la plupart existaient déjà depuis les années 1980.

Que ce soit en tant que scénariste, producteur ou réalisateur, son œuvre est immense. Ce sont des thèmes récurrents, chers à Miyazaki qui reviennent dans l’ensemble de ses films. L’écologie en est un. Certains de ses mondes ont sombré dans le chaos voire l’apocalypse après que l’homme ait abusé des ressources de la terre et d’armes de destruction massive. Très marqué par la seconde guerre mondiale et un Japon dévasté, Hayao Miyazaki a ainsi un véritable dégoût pour la guerre. Son père, constructeur d’avions de chasse, inspira Miyazaki qui en fit sa passion (thème que l’on retrouve dans la plupart de ses films).

Ses héros sont presque toujours des enfants (excepté dans Porco Rosso et Le Châteaude de Cagliostro), exclusivement féminins et de tous âges. Cependant, ses héroïnes sont aussi accompagnées de garçons téméraires et protecteurs. Les méchants laissent quant à eux toujours une part d’ambigüité sur leurs fonds, ce qui laisse présager de nombreux rebondissements. Les films de Miyazaki sont aux antipodes de ceux de Walt Disney, envers lesquels il a souvent exprimé son désaccord.  Il nous fait aussi redécouvrir la culture traditionnelle japonaise et son opposition au monde moderne.

Le succès mitigé de Nausicaä de la Vallée du vent (1984) lui permet, pourtant, de créer son propre studio Ghibli. S’en suivront trois succès au Japon : Le château dans le ciel (1986), Mon voisin Totoro (1988) et Kiki, la petit sorcière (1989). Une parenthèse est faite avec Porco Rosso en 1992 qui s’éloigne largement de ses univers de prédilection, en racontant l’histoire d’un cochon pilote italien dans les années 1920.

De façon paradoxale, c’est pourtant un accord de distribution mondiale avec Walt Disney qui va lui donner la reconnaissance qu’il attendait tant. Il est impensable que vous soyez passés à côté de ses dernières réalisations. Son chef d’œuvre Princesse Mononoké (1997) lui apportera la gloire et Le voyage de Chihiro (2001) le mènera définitivement aux portes du panthéon des réalisateurs. Cette fable mystique sur une petite fille évoluant dans un monde parallèle pour sauver ses parents sera d’ailleurs primée avec l’oscar du meilleur film d’animation en 2002 et totalisera 23 millions d’entrées au Japon. En 2004 est sorti Le château ambulant, film préféré de Miyazaki de son propre aveu, relatant l’histoire d’une jeune fille transformée en veille femme par une sorcière. A noter que son dernier film  fut Ponyo sur la falaise en 2008.

Bien que Miyazaki soit l’empereur incontesté, il est impossible de ne pas parler de son prince, Isao Takahata. Après une première  collaboration avec le maître en 1968 sur Horus, Prince du soleil, il intègre le studio Ghibli en 1985, grâce son long métrage Kié, la petit sieste.  Ce studio lui permettra de réaliser ses deux films les plus aboutis, Le tombeau des lucioles (1988) et le burlesque Pompoko (1994).

Si Miyazaki est officiellement à la retraite, il se murmure pourtant qu’il pourrait faire son retour en donnant une suite à Porco Rosso. Quoiqu’il en soit, ses films fantastiques, aux images impressionnantes servies par d’exceptionnelles bandes sons méritent que vous les redécouvriez ou les découvriez si ce n’est pas déjà le cas.


Vincent L.




(Isao Takahata et Hayao Miyazaki)

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