dimanche 17 juillet 2011

I'm Still Here!

            Tout ceci n’était donc qu’un canular, un canular rudement mené par la caméra de Casey Affleck, et la performance remarquable d’un Joaquin Phoenix, plus que jamais métamorphosé.  Une métamorphose de physique et de style pour un registre qu’il connait peu, la comédie.  Une comédie qui aura tout de même nécessité près de deux ans de tournage, pour un résultat plus que réussi.
Deux ans de spéculations sur la prétendue retraite prise par Joaquin Phoenix en tant qu’acteur, pour une carrière de rappeur.

I’m Still Here  filme sa vie, celle d’un acteur au sommet de sa gloire, depuis qu’il a décidé de mettre un terme à sa carrière d’acteur pour emprunter  la voie du hip-hop. Mais, la voie a plutôt allure de sentier sinueux pour Joaquin. N’est pas rappeur qui veut.

I’m Still Here est un documentaire dont on sait trop vite qu’il est un canular. Le film avait suffisamment généré de spéculations en amont et les protagonistes s’étaient d’eux –mêmes dénoncés. Élaboré minutieusement par Casey Affleck, I’m Still Here  évincera  le doute dans l’esprit du spectateur quant à la réalité des faits. Il s’agit bien d’une fiction. Joaquin n’a pas l’intention de rapper, du moins pas trop souvent, tant mieux.  Ce film est une fiction car trop minutieux, trop bien ficelé, trop long et par moment trop exagéré par cet esprit un peu « Jackass » qui ternissent la vraisemblance du «  Documentaire de terrain ».

Pourtant, le film dégage cet aspect authentique et réel par cette justesse des plans filmés, centrés sur les visages des personnages. Agrémenté d’images d’archives de certaines déclarations de Joaquin sur des grandes chaines de télévision américaine, alors qu’il jouait son personnage,  le film parvient à nourrir une certaine crédibilité quant à ce changement de métier.

Mais, le film puise surtout sa force dans la réflexion qu’il nourrit. Difficile de se prononcer quant à son objectif. Est-il une critique dissimulée des médias ? L’épilogue d’un acteur adulé et le début d’une déchéance, d’une descente aux enfers ? Ou plus simplement  un aperçu du show business ? Probablement les trois à la fois ce qui nourrit son intérêt.

Et puis il y a les acteurs. Enrichi par de nombreuses  mais courtes apparitions de stars, le film offre une vision amusante et caricaturale du monde des célébrités. Ben Stiller, que  l’on connaît comique sur les planches, apparaît sérieux et ennuyeux.  P.Diddy à l’inverse, connu pour ses frasques plus violentes, est drôle, doux et joue juste. Mais c’est surtout Joaquin Phoenix qui éblouit. Loin de l’élégance qui l’avait caractérisée dans Two Lovers (2008), loin de la sobriété de La Nuit Nous appartient (2006), Joaquin se présente ici sous ses traits les plus méconnus parce que les plus grossiers. Ventre opulent, visage émacié, mine patibulaire, regard abattu, barbe broussailleuse, cheveux hirsutes et esprit tourmenté sont autant d’attributs de ce personnage qui voltige entre cocaïne et cannabis, prostituées et hôtels de luxe, rap et oisiveté. Aussi méconnaissable qu’hilarant, Joaquin Phoenix manie à la perfection autodérision et sincérité, confirmant ainsi, aux plus sceptiques d’entre nous, qu’il est avant tout un acteur, remarquable d’ailleurs.
Diego C.

1 commentaire:

  1. Ta critique m'a donné envie de voir ce film, alors qu'à la base, l'idée (vite éventée) me refroidissait un peu. :)

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