mercredi 6 juillet 2011

L'Erotisme au sommet de son Art

« Ce n’est pas le tabou qui me fascine, mais l’érotisme », déclarait un jour le réalisateur japonais Nagisa Oshima.

Et de l’érotisme, il en est entièrement question dans l’Empire des Sens (1976), qui fit davantage l’effet d’un tabou pendant près de 25 ans dans son propre pays et dans bien d’autres encore. Il est d’ailleurs toujours interdit dans de nombreux pays.

La raison à cela, le caractère pornographique que pourraient revêtir les scènes du film, où toutes les scènes de sexe (et elles sont nombreuses) sont jouées réellement par les acteurs, influant à cette œuvre une authenticité rare.

Forçant l’indignation pour certains, l’admiration pour d’autres, L’Empire des sens n’en reste pas moins un monument du septième art. Parce que faisant de chaque scène de sexe, une déclaration d’amour, une échappatoire à la réalité brutale, l’Empire des sens est surtout une représentation esthétique et diégétique de l’amour charnel, dévorant, avilissant, destructeur.

Inspiré d’un fait réel japonais, le film met en scène, une ancienne prostituée, Sada Abe, repentie, et devenue servante d’une auberge de Tokyo, dans les années 1936. Sada est tout de suite remarquée par le maître de maison,  Kichizo. Empli d’un désir sexuel envers la jeune femme, Kichizo va décider d’en faire sa maîtresse afin d’assouvir ses pulsions. Un jeu charnel qui va s’envenimer, pour ne devenir qu’une passion embrasée et ravageuse, entrainant implacablement les deux amants vers une destruction inévitable, où la mort ne fera figure que d’issue, salvatrice. Il s’agit là du crime passionnel comme il n’a jamais été filmé, où le sexe n’est ici qu’un artifice pour mettre en exergue le va-et-et vient perpétuel qu’il existe entre le plaisir et la mort.

            A travers l’Empire des sens, Nagisa Oshima offre plus qu’un film, il offre une réflexion poussée sur la passion comme destruction de l’être humain, sur les fantasmes comme une poursuite insatiable, comme un carcan dont il est difficile de s’extirper. Une réflexion sur les sens comme un empire, un empire auquel l’homme se soumet inévitablement. Un empire asservissant et dangereux.

            L’Empire des sens est subversif, provocateur, pur, esthétique, sublime surtout, et restera, à jamais, une œuvre majeure du cinéma.

Diego C.


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