lundi 18 juillet 2011

Le Moine

Après les très bons Harry un ami qui vous veut du bien (2000) et Lemming (2005), Dominik Moll faisait son retour derrière la caméra, après six ans d’absence, avec Le Moine.
S’inspirant d’un roman au titre éponyme de Matthew Lewis, Le Moine retrace le parcours du capucin Ambrosio.

Fervent prosélyte, ayant toujours vécu dans la Foi et dans la dévotion au Seigneur, Ambrosio vit dans un monastère en Catalogne. Adulé par beaucoup de croyants, il fait l’unanimité et rassemble chaque jour des fidèles de plus en plus nombreux. Pieux et vertueux, il va néanmoins, peu à peu, sombrer dans le péché, succombant aux tentations d’une femme, amoureuse de lui.

Ce n’est pas la première fois que Matthew Lewis est adapté sur grand écran. Déjà, le Grand Buñuel s’était attelé à le scénariser en 1972 pour Adonis Kyrou. La besogne n’était donc pas mince pour Dominik qui touchait ici à un registre nouveau pour lui, le film d’aventure historique, gothique en particulier.
            Et on est agréablement entraîné par le début. Les paysages moyenâgeux et les costumes hissent le film et amplifient son côté mystique. Accompagné d’une musique assez glaçante et d’un bon Vincent Cassel, Le Moine suscite l’angoisse en tirant partie de tous les codes du style fantastique. Corbeau, rêve, Diable, apparitions fantomatiques sont autant de concepts qui s’immiscent peu à peu  et alimentent son ambiance gothique. L’obscurité ambiante qui habite ce monastère plonge le spectateur en haleine. Les dialogues sont bons quoique peut-être trop policés, mais l’époque et l’ordre ecclésiastique s’y prêtent. On s’y fait rapidement et on s’attend, dès lors, au film subjectif par excellence dans le sujet qu’il aborde, angoissant par le genre auquel il se prête, haletant par le suspense qu’il fait naître. Cela rappelle grandement un autre chef d’œuvre du genre, Le Nom de La Rose (1986) de Jean-Jacques Annaud.

            Malheureusement ceci ne concerne que le début, car à mesure que le film se poursuit, l’intrigue s’enlise, si tant est qu’elle eût véritablement existé. On tente vainement d’invoquer le mystique pour nourrir un suspense qui n’a finalement jamais eu lieu. Ambrosio perd pied et sombre, peu à peu, dans les abysses du péché, mais le spectateur ne sent plus véritablement concerné. La mise en scène reste bancale avec des plans en iris d’un mauvais goût et qui manquent de finesse.
 Le film pâtit cruellement d'une absence de cohésion et de rebondissements. Les ravissantes Joséphine Japy (tout juste auréolée de son bac de Français) et Déborah François, qui incarnent et nourrissent ce désir de chair que ressent Ambrosio, ne parviennent pas à être des éléments suffisamment perturbateurs pour sustenter le suspense. On tombe dans un thriller nauséeux.
La fin du film est d’ailleurs évocatrice de cette carence, tant elle est semblable à celle d’Incendie (2010), de Denis Villeneuve. Une comparaison nécessaire car édifiante. Alors qu'Incendies ravit, Le Moine ennuie.
Diego C.

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