mercredi 27 juillet 2011

Un Amour de Jeunesse

Mia Hanson-Love revient sur les devants de la scène. Après des débuts remarqués dans Tout est pardonné (2007) et Le père de mes enfants (2009), la jeune réalisatrice française repart vers un sujet qu’elle aime, l’Amour. A la différence près que celui-ci concerne la jeunesse, une sorte de retour aux sources.
Camille a 15 ans. Eperdument amoureuse de Sullivan, 19 ans, elle découvre là son premier amour. Jusqu’à ce que Sullivan désire voler de ses propres ailes, en Amérique du Sud. Dès lors, Camille semble perdue, au bord du suicide. Il lui faudra plusieurs années avant de s’en remettre et de retrouver goût à la vie. Poursuivant ses études d’architecture, elle renoue avec la joie de vivre qui l’avait quittée, et tombe amoureuse, à nouveau. Un amour peut-être moins intense, jusqu’à ce qu’elle recroise Sullivan, huit ans plus tard.
Pour ce troisième long-métrage, Mia s’est dotée des mêmes ingrédients qui l’avaient projetée sous les feux de la rampe. Des acteurs méconnus, des plans soignés et lumineux et une musique entrainante. On y découvre dès les premières minutes du film une étoile montante du cinéma français, Lola Creton, prochainement à l’affiche d’En Ville, fin juillet.

Si Mia s’est dotée des mêmes ingrédients, on est pourtant bien loin du même résultat. Un Amour de Jeunesse manque d’allant et pâtit cruellement d’un jeu d’interprétation à la limite du désagréable. La faute en grande partie à Sebastian Urzendowsky, l’autre protagoniste du film. Sa voix fluette et sa douce naïveté agacent autant qu’elles ternissent les premières minutes. On parierait sur une grossière erreur de casting, si le film s’arrêtait là.
Car c’est l’histoire d’amour elle-même qui flanche. Légèrement mièvre, le film tombe peu à peu dans un dramatisme qui se veut léger mais qui perd toute authenticité. On suit inlassablement le parcours de cette jeune femme, en construction, mais qui peine à sortir de cette candeur puérile. Evitant de rentrer dans la psychologie des personnages, le film perd sa teneur intimiste et personnelle. On reste dans un amour suranné, inaccessible et creux. A aucun moment, le spectateur se sent véritablement submergé par ces sentiments naïfs.
Le défaut d’Un Amour de Jeunesse résulte aussi de l’écoulement du temps, qui ne laisse aucune marque. Aussi bien physiquement que sentimentalement, les personnages ne murissent pas, le spectateur non plus. Les dialogues sont d’ailleurs édifiants de cette carence. Se voulant littéraire, la prose illustre avant tout un dialogue de sourd, un « je t’aime moi non plus » qui se dépouille de tout sentiment véridique. On est très loin des qualités dont était doté Le Père de Mes enfants.
Le film prend néanmoins de la hauteur et mérite d’être apprécié. Les apparitions, tardives ou trop succinctes, de Magne Havard Brekke, déjà dans Le Père de mes enfants, et de Valérie Bonneton,  apportent enfin un semblant de maturité. Certains plans remarquables valent également d’être soulignés, le dernier en particulier, superbe. Tout comme la mise en scène, à travers laquelle on reconnait le talent indéniable de cette réalisatrice, qui avait tant enchanté. C’est malheureusement trop peu pour Un Amour de Jeunesse qui laissera probablement un sentiment d’incompréhension. Il s’agit peut-être pour Mia d’une autobiographie filigranée, d’Un Amour à oublier, d’une copie à revoir, aussi.  
Diego C.

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