mercredi 23 mars 2011

Scorsese, une tentation parmi d’autres



Personnage historique ou pas, Jésus a souvent fait jaser. Le cinéma ne l’a d’ailleurs pas épargné. Provoquant indignation ou admiration, la vie de Jésus de Nazareth en a inspiré plus d’un. Pourtant, les écrits concernant sa vie sont peu nombreux et se résument aux évangiles, les autres textes y faisant référence, étant posthumes pour la plupart et souffrant d’une véritable authenticité historique.

Mais la Bible est, à elle-seule, une source d’inspiration débordante. Pas moins de dix films s’en sont ainsi inspirés. Le dernier en date, le controversé La Passion du Christ de Mel Gibson, suscitant critiques et invectives virulentes. Le sujet se prête aux controverses mais Gibson n’en reste pas moins fidèle au livre saint.

Ce n’est pas le cas, en revanche, de La Dernière Tentation du Christ, réalisé par Martin Scorsese. Pour les érudits, voilà le film impie par excellence. Profanation qui fit l’effet d’une bombe au moment de sa sortie en 1988. Trop lointaine pour ceux qui ne l’ont pas vécu mais encore bien ancrée dans les mémoires de ceux qui y ont assisté.


Le film trouve son origine à la fois dans la Bible et dans un ouvrage (au titre éponyme) de l’écrivain grec Níkos Kazantzákis. La particularité du film tient aussi bien de sa mise en scène que de la réflexion qu’il suscite. Car Jésus y est dépeint différemment. Il n’est plus seulement le Christ, fils de Dieu, il est surtout Le Christ, fils de Dieu, conçu à l’image des hommes. Hérésie pourtant pas si éloignée de ce que le livre saint proclame. Parce que « fils de Dieu » signifie aussi « homme dévoué à Dieu » comme de nombreux passages de la Bible le répètent.

Il n’en fallait pas plus pour que le provocant Scorsese use de sa caméra et présente le Christ, semblable au commun des mortels, en proie aux mêmes tentations et aux mêmes désirs. Pas besoin d’aller davantage en profondeur dans le synopsis du film. Tout est suggéré.

Porté par un Willem Dafoe remarquable, dans son rôle d’un Jésus tourmenté et soumis aux doutes, La dernière tentation du Christ sonne le tocsin du cinéma subversif et provocateur. Car, si la portée d’un film se mesure à l’engouement et les déchaînements qu’il peut générer, alors ce ne sont pas les quelques fulminations « antisémites » portées à l’encontre de Mel Gibson qui dissimuleront les multiples condamnations, attentats et prohibitions que La dernière tentation du Christ déclencha lors de sa sortie. Il est d’ailleurs toujours interdit de projection dans plus de dix pays.


Diego C.


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