mercredi 30 mars 2011

Autopsie d’un meurtre : Jazz ! Justice !? Et cinéma !

Je ne suis pas un grand spécialiste du vieux cinéma américain. Je ne le suis pas du tout même. Eh bien tant mieux ! Le film dont je vais vous parler a beau dater de 1959 et être en noir et blanc, il n’en demeure pas moins résolument actuel.

C’est en quelque sorte le hasard qui m’a fait mettre la main dessus. Je l’ai obtenu en bénéficiant d’une offre dans une librairie Dalloz (Maison d’édition spécialisée dans les bouquins de Droit, souvent très lourds et toujours trop chers). Ce jour-là je suis reparti de la boutique avec 150 euros en moins dans mon porte-monnaie pour deux bouquins que je ne me souviens pas avoir lus, ni même feuilletés et ce DVD. Offert. Ils ont l’esprit de largesse chez Dalloz.

J’ai attendu des mois la soirée pourrie où de toute façon je n’aurais rien d’autre à me mettre sous la dent pour le regarder. Erreur de jugement et d’appréciation ! C’est un film à voir au plus vite. Otto Preminger (que j’avoue avoir découvert à cette occasion) nous livre là un regard saisissant sur un procès criminel aux Etats-Unis.

Paul Biegler, un avocat aux ¾ à la retraite (interprété par un James Stewart magistral) préfère passer son temps à la pêche ou à écouter du jazz en buvant des coups avec Parnell McCarthy, son vieux confrère sympathiquement alcoolique plutôt que de s’occuper de faire tourner son cabinet.

Seulement voilà, un jour le destin lui tombe dessus et lui soumet le genre d’affaire qu’on ne peut pas refuser.

Laura Manion, une jeune femme jolie et séduisante revient un soir chez elle dépoitraillée, haletante et plaintive. Son mari lui tire les vers du nez… Elle s’est faite violée par le patron du bar où elle a passé la soirée à jouer au billard avec les hommes qui s’y trouvaient. 3 balles dans le buffet. Ce sera le prix à payer pour avoir touché à sa femme. Cette dernière fait appel à notre avocat pantouflard pour défendre son mari.

(James Stewart)
Je ne vous ai rien raconté. A partir de là, le procès commence et le film avec. Et quel procès ! Jamais (de mémoire de jeune blanc bec) le cinéma n’a montré le déroulement d’un procès à l’américaine avec autant de tact et de finesse.

Car il faut saluer le talent de Preminger pour saisir toute cette diversité et cette complexité dans les personnages.

Le cinéma dévoile ici ce que les dossiers criminels comportent d’abord et avant tout : des hommes et des femmes complexes qui tissent entre eux des relations complexes qui sont animés par des sentiments complexes et qui nous font ressentir toute la contradiction inhérente à l’humain. Que les esprits binaires s’abstiennent !

Enfin une victime qui présente un visage différent de celui de l’agneau pascal que certains d’entre vous vont bientôt dévorer avec délectation en se léchant les babines, à l’instar du loup après s’être jeté sur sa proie.

Enfin un accusé qui nous est peu sympathique mais que l’on a tout de même envie de voir libre pour des raisons légales et de circonstances.

Et tout cela, sans toutefois tomber dans le piège de la sur-complexité psychologique. Nous sommes au cinéma, il faut donc transiger avec le réel. Les personnages ne sont « que » des personnages avec juste ce qu’il faut de caricature, d’héroïsme et d’anti héroïsme pour en faire un huit clos haletant.

Pour finir, la cerise sur le gâteau : la bande originale du film est signée Duke Ellington qui nous fait même l’honneur d’une apparition. Ce n’est pas pour rien que le film a reçu le Grammy Award de la meilleure Bande originale de film en 1959.

Quand le jazz fait corps avec le cinéma…


Autopsie d'un Meutre (1959)


Maxime D.




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